Il ne croit pas à ce tournant, notamment aux mesures que je vais évoquer, comme il ne croyait pas en 2006 à notre capacité à diminuer le déficit budgétaire. Chaque année, il nous donne rendez-vous l'année suivante pour vérifier que ses propres prévisions de croissance et de déficit sont erronées. Je ne doute pas que cette règle se confirmera l'année prochaine !
Pour revenir au budget 2008, je veux dire, après avoir écouté les orateurs du parti socialiste, combien j'ai été stupéfait de constater à quel point nos collègues de l'opposition sont contraints de recourir, encore, à une forme éculée de lutte des classes pour critiquer les choix du PLF.
L'accession à la propriété intéresse tous les Français, et non pas ceux que vous décrivez comme des capitalistes rentiers. L'exonération fiscale, appliquée dans le but d'améliorer le revenu des salariés qui souhaitent effectuer des heures supplémentaires, n'est pas un cadeau fait aux riches. Le rapporteur général a très justement rappelé, par exemple, qu'une personne salariée au SMIC à 39 heures pourrait gagner un treizième mois en travaillant deux heures trente de plus par mois. Il faut le répéter : non, il n'est pas nécessaire d'interdire à tous de travailler plus pour soi-disant diminuer le chômage. Pas plus qu'il n'est utile d'augmenter les impôts pour maîtriser le déficit public ou améliorer les performances de l'État. Si c'était le cas, le problème du déficit ne se poserait plus depuis vingt ans !
Laurent Fabius et le président de la commission des finances nous ont indiqué tout à l'heure qu'il ne voyaient pas où étaient les moteurs de la croissance dans le budget que nous examinons. Or, ces moteurs, vous les avez sous les yeux : vous feignez donc de ne pas les voir ! J'ai évoqué les mesures en faveur du travail. Je dois aussi citer l'effort en matière de diminution des prélèvements obligatoires, dont le taux devrait reculer de 0,3 point, pour s'établir à 43,7 % du PIB. Dois-je rappeler le renforcement des possibilités de formation, les dispositifs d'alternance revus à la hausse, avec les 285 000 contrats d'apprentissage et les 140 000 contrats de professionnalisation ? N'avez-vous pas vu le quasi-doublement, avec 200 millions d'euros, des moyens alloués à la formation des demandeurs d'emploi en fin de droits ? La revalorisation de la prime pour l'emploi, qui a été doublée depuis 2002, à 4,2 milliards d'euros, pour bénéficier à plus de 8,5 millions de personnes, n'est-elle pas une mesure d'équité et de maintien dans l'emploi pour les bas salaires ? L'effort sans précédent du crédit d'impôt recherche, dont le plafond est élevé à 50 % la première année, comme la hausse conséquente du budget alloué à la recherche et à l'enseignement supérieur à hauteur de 1,8 milliard d'euros sont des investissements efficaces pour créer de la croissance et de la richesse à long terme. Sans oublier l'instauration du bouclier fiscal à 50 %, dont plus de 81 % des bénéficiaires ne sont pas assujettis à l'ISF, et dont autant sont au premier décile de revenus, contrairement à ce qu'affirment nos collègues de l'opposition.
Ce sont des mesures volontaristes, prises avec l'assentiment des Français, et qui sont toutes évidemment porteuses de croissance. Et si les prévisions de recettes restent prudentes – nous en convenons –, elles constituent, de fait, un gage de bonne gouvernance, dans un contexte international pour le moins instable, puisqu'elles nous laissent espérer un déficit plus faible en exécution, comme cela s'est produit depuis quatre ans.
Alors qu'une immense majorité de Français bénéficieront de ces mesures, l'opposition n'a cessé de stigmatiser les quelques plus hauts niveaux de revenus français. Je n'hésite pas à le dire : je refuse de diaboliser ces derniers par simple démagogie. Le premier secrétaire du parti socialiste avait déclaré, chacun s'en souvient, et certains avec douleur : « Je n'aime pas les riches », comme s'il s'agissait en soi d'un programme électoral. C'est un faux débat, et les Français ne s'y sont pas trompés. Je le dis donc aux socialistes : ne vous prenez pas pour Robin des Bois car, contrairement à ce que vous dites, les Français peuvent participer à la création de richesses et en bénéficier directement.
Alors, oui, je défends la vision de partage et d'équité qui est inscrite dans ce budget.