Madame la ministre, monsieur le ministre, vous nous présentez un budget qui n'est ni rigoureux, ni ambitieux.
Il manque de rigueur car il marque pour le moins une pause, pour ne pas dire plus, dans la réduction des déficits. Il est vrai que les réductions apparentes évoquées par certains de mes collègues étaient dues à des opérations exceptionnelles, comme la vente de ces « bijoux de famille » que sont les autoroutes.
Le projet de loi de finances pour 2008 table sur un déficit de 41,7 milliards d'euros, à peine moins important que celui que prévoyait le budget pour 2007, qui s'élevait à presque 42 milliards, soit 2,3 % du PIB. Le compte n'y est pas, selon le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker, qui a déclaré : « un déficit de 2,3 % est en deçà des engagements pris par la France ». C'est pourquoi il invite « résolument » notre pays à réduire le niveau de sa dépense publique. Sa déclaration est venue après que la BCE nous eut décerné, par l'intermédiaire de son président M. Trichet, ami de M. Sarkozy, le bonnet d'âne. Un tel manque de rigueur a de quoi étonner quand on sait que le Premier ministre a parlé, le 21 septembre dernier, d'une « faillite de l'État ».
Le PLF pour 2008 est basé sur une croissance médiane de 2,25 %, alors que différents organismes, comme le FMI ou l'OCDE, l'évaluent au plus à 2 %. La plupart des économistes évoquent même une fourchette située entre 1,8 et 2,1 %, et jugent proprement irréalisable un assainissement des finances publiques de notre pays pour 2010. Certains pronostiquent même une détérioration de la situation, en se fondant sur le coût du paquet fiscal voté en juillet, sur le fait que la croissance sera inférieure à vos prévisions et sur l'augmentation des taux d'intérêt, qui alourdit la charge de la dette. Selon eux, les déficits publics franchiraient l'an prochain le seuil des 3 %, le ratio de la dette pouvant excéder 65 % du PIB en 2009. D'ailleurs, le rapporteur général du budget a admis lui-même qu'une croissance limitée à 2 % poserait de graves problèmes. Rappelons que, même dans votre prévision optimiste, l'encours de la dette s'alourdit encore de quelques milliards.
Ce budget sans ambition est également sans souffle. Le PLF pour 2008 comporte peu de mesures fiscales permettant de favoriser la croissance, hormis un encouragement aux étudiants qui créeront leur entreprise et l'extension du crédit d'impôt recherche, mesure qui, si nécessaire qu'elle soit, ne produira ses effets qu'au terme de quelques années.
Il faut dire que, durant l'été, lors de la session extraordinaire, vous avez dilapidé vos richesses en faisant voter à votre majorité un paquet fiscal de 8,9 milliards d'euros, censé dynamiser la croissance. Aujourd'hui, on voit le résultat, qui était parfaitement prévisible, et dont nous vous avions prévenu dans ce même hémicycle. Vous avez joué les cigales.