Je ne doute pas que les historiens s'interrogent un jour pour savoir comment, à l'aube de l'année 2008, dans l'indifférence générale, le Parlement a amputé le peuple français d'une part importante de sa souveraineté, c'est-à-dire de sa démocratie – car, comme le disait le Général de Gaulle, qu'on le veuille ou non, la démocratie se confond exactement avec la souveraineté nationale. Ils se demanderont aussi comment les dirigeants de notre pays ont pu se priver des moyens de respecter les promesses électorales qui avaient rassemblé autour d'eux au printemps précédent une large majorité de leurs concitoyens. Ils s'interrogeront enfin sur l'étrangeté d'une opposition qui, après avoir promis de tout faire pour qu'il y ait consultation populaire sur le nouveau traité européen, se refuse à voter contre au Congrès de Versailles, rejetant la seule occasion où elle aurait disposé d'un moyen imparable pour contraindre le Président de la République à organiser un référendum.
Mes chers collègues, les historiens de demain, comme beaucoup de citoyens d'aujourd'hui d'ailleurs, s'étonneront aussi de l'omerta médiatique, bien organisée, qui interdit de fait dans notre pays tout vrai débat sur ce prétendu « nouveau traité européen ». Car ils n'ignoreront pas, eux, que ce silence dissimule l'une des dates qui restera comme l'une des plus importantes dans l'histoire de notre pays. Une date terrible, où un peuple, contre sa volonté explicite, est condamné par ses représentants à perdre la maîtrise de son destin.