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Intervention de Michel Barnier

Réunion du 5 novembre 2008 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2009 — Agriculture

Michel Barnier, ministre de l'agriculture et de la pêche :

Or, avec l'ensemble des dirigeants syndicaux et professionnels, nous avons, en toute sincérité, placé l'agriculture au coeur du Grenelle, envers et contre tout. Songez, chose improbable, que nous avons même réuni des gens qui ne se parlaient plus !

Avec ce budget, nous commençons à mettre en oeuvre nos engagements. Ceux-ci ne nous sont pas imposés ; nous les avons voulus et nous les assumons. Ainsi, le plan « Agriculture biologique » permettra, d'ici à 2012, de tripler la surface agricole consacrée aux cultures biologiques. M. Herth a évoqué la création du fonds de structuration des filières, doté de 3 millions d'euros, et nous allons également mobiliser le fonds d'intervention de l'industrie agro-alimentaire.

Ainsi encore, nous allons lancer le plan de réduction des produits phytosanitaires, à la fois nécessaire et très ardu. La réduction de moitié, dans les dix années à venir, de l'usage des produits phytosanitaires dans l'ensemble de l'agriculture française – objectif qui, selon moi, devrait s'étendre aux jardins publics et privés – est un changement considérable, auquel nous parviendrons si l'effort de recherche est adéquat et avec la participation des agriculteurs. Ce plan, vous le savez, sera financé par la majoration de la redevance prélevée auprès des distributeurs de produits phytosanitaires, et le produit de cette augmentation, soit 33 millions d'euros, sera versé à l'office France AgriMer. J'ajoute, à l'attention de M. Vialatte, que ce plan s'ajoute au million d'euros affecté au programme 206.

Autre engagement du Grenelle de l'environnement : le plan de performances énergétiques. La hausse des prix de l'énergie va se poursuivre et, avec elle, celle des charges qui pèsent sur les exploitations agricoles, qu'a évoquée M. Descoeur, qu'il s'agisse du fioul ou de l'électricité. Dès lors, la réduction de la dépendance énergétique de notre agriculture et de notre pêche n'est pas une option : c'est une nécessité.

J'ai vu récemment, dans l'Aveyron, une centaine d'éleveurs de veaux sous la mère qui ont, par le biais d'une coopérative, équipé 33 000 mètres carrés de toits de granges avec des panneaux photovoltaïques. Ils sont désormais autonomes et revendent même leur surplus d'électricité au service public. De même, dans le Var, j'ai vu des horticulteurs devenus autonomes grâce à l'installation de pompes à chaleur air-air ou eau-eau.

Voilà pourquoi nous allons réaliser le diagnostic énergétique de 100 000 exploitations, de sorte qu'elles puissent réduire leur consommation d'eau, de fioul, d'intrants ou d'électricité et produire leur propre énergie. Là encore, nous utiliserons une part de la redevance versée au titre des produits phytosanitaires, ainsi que des crédits européens dégagés par la réorientation de la PAC, car la réduction de la dépendance est un objectif vital.

M. Herth a évoqué la forêt : pour que nous puissions produire mieux et davantage, nous allons remettre en production 12 millions de mètres cubes supplémentaires d'ici à 2012. Je suis déterminé à réorienter les aides sur la desserte forestière, afin de mieux mobiliser la biomasse forestière, mobilisation que favoriseront aussi les nombreuses aides fiscales, les aides à l'aval et la multiplication des contrats de travaux.

S'agissant toujours du Grenelle de l'environnement, Martial Saddier a présenté un rapport remarquable sur la pollinisation – qui n'est pas un sujet mineur – et sur l'apiculture. Nous avançons sur tous ces terrains, et ce n'est pas par hasard.

L'agriculture durable, c'est la mémoire et la solidarité entre les générations, c'est se tourner à la fois vers l'avenir et vers les anciennes générations, auxquelles nous devons l'agriculture d'aujourd'hui

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