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Intervention de Jean Lassalle

Réunion du 5 novembre 2008 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2009 — Agriculture

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Lassalle :

Pourtant, nos paysans ont encore la pêche, ou voudraient l'avoir. Leurs enfants sont prêts à continuer, mais pour quoi faire ? Pour aller où ? Il n'y a plus de perspectives. Ce n'est pas votre faute, monsieur le ministre, et ce n'est d'ailleurs la faute de personne, ni de l'Europe ni du monde, car la situation est pareille un peu partout.

Aussi faut-il prendre le présent budget tel qu'il est. Vous avez fait ce que vous avez pu, monsieur le ministre, mais nous devons aller plus loin : il y va de notre honneur d'hommes et du maintien d'un chaînon essentiel dans la longue histoire de notre civilisation. Le fait qu'il y ait autant de participants à nos débats prouve que nos esprits sont dans une recherche éperdue de sens.

Comme l'a dit André Chassaigne, nous devons nous battre pour faire des campagnes de France une grande cause nationale, à partir de laquelle on réinventera le lien avec les villes, plutôt que l'inverse.

Nous avons voté le Grenelle de l'environnement, mais méfions-nous de ce vocabulaire nouveau et imposé qui l'accompagne, de ce vocabulaire qui évite de dire les choses comme elles sont, qui évite de dire que les arbres, trop nombreux, meurent sur pied et tuent leurs voisins en s'écroulant ; méfions-nous de ce langage trop policé, qui occulte le fait que nos paysans se suicident par centaines, que dis-je, par milliers, et arrivent désormais en tête d'un « hit parade » tragique autrefois dominé par les jeunes.

Elles sont des milliers, ces femmes qui ont rêvé de « faire une maison » – elles qui, selon l'un de nos dictons, les « font ou les défont » – et qui, face à la maladie des animaux et à une bureaucratie de plus en plus complexe, sont sur le point de renoncer.

Qui que nous soyons, quels que soient nos idées et les rangs auxquels nous appartenons, nous ne pouvons nous y résigner. Nous devons au contraire vous aider, monsieur le ministre, à prolonger le débat afin de parler librement des campagnes et du monde paysan, jusque dans le XVIe arrondissement de Paris, jusque dans toute l'Europe, partout, car c'est une grande cause : c'est la cause qui nous sauvera. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP, NC et GDR.)

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