Monsieur le ministre, j'ai pris connaissance de votre projet de budget 2009 avec beaucoup d'attention. Connaissant mon attachement à l'agriculture de montagne – que vous partagez, je le sais –, vous ne serez pas étonné que j'en aie fait une lecture non pas partielle mais orientée.
Je l'ai fait d'autant plus que nous examinons ce budget dans un contexte difficile. Les éleveurs de nos zones sont confrontés à une crise sans précédent due à la conjonction de deux facteurs déjà évoqués : une hausse des charges inédite et le retour au premier plan d'une crise sanitaire. J'ai noté avec intérêt le soutien réaffirmé à l'installation des jeunes agriculteurs, enjeu crucial pour nos territoires ruraux et défi que nous devons relever tous ensemble.
Cependant, ces éleveurs sont confrontés à des handicaps naturels qui, s'ils font le charme de la montagne, mais ne facilitent pas leur quotidien. Pour contribuer à compenser ces handicaps, ont été instaurés les ICHN dont la revalorisation attendue car promise pourrait ne pas être au rendez-vous cette année encore, compte tenu de l'enveloppe allouée. Je le regrette et je crois qu'il serait important que nous puissions atteindre l'objectif de revalorisation de 50 % annoncé en 2002, si ma mémoire est bonne.
Ces éleveurs de montagne ont aussi besoin d'abriter leurs animaux, donc de moderniser et d'adapter leurs bâtiments d'élevage. Avec satisfaction, j'ai noté une hausse des crédits correspondants de 5 %, tout en m'interrogeant sur l'adéquation entre cette enveloppe et les projets qui pourraient être portés, même s'il ne m'a pas échappé que la crise – et on ne peut pas s'en réjouir – pourraient en différer quelques-uns.
Autre réflexion que je souhaite vous faire partager : la nécessité, à l'heure de l'explosion des charges, d'encourager les investissements collectifs et toutes les initiatives visant à mutualiser les coûts.
S'agissant des prêts bonifiés dont peuvent bénéficier les CUMA, je crains que l'enveloppe ne suffise pas, là non plus, à satisfaire les besoins. Or la seule issue est certainement d'encourager les agriculteurs, en particulier ceux de zone de montage, à se regrouper pour investir.
À juste titre, monsieur le ministre, vous avez affiché le développement et la promotion des filières sous signe officiel de qualité comme une priorité. À cet égard je tiens à répéter combien je regrette que la DGCCRF ait remis en cause la grille CNIEL qui permettait de disposer, avec le prix du litre de lait, d'une référence. Cette initiative est regrettable à l'heure où une réorientation des prix à la baisse est annoncée, et où il est important pour bon nombre de producteurs laitiers de s'orienter vers une politique et des démarches de qualité.
Cette grille était un outil précieux lorsqu'il s'agissait de négocier une revalorisation de leur travail avec les transformateurs. Il est important de redonner un outil efficace à ces éleveurs, d'autant que cela n'a pas d'incidence financière. Il manquerait cruellement aux éleveurs, notamment à ceux du Cantal qui sont engagés dans une démarche AOC, à moins que nous trouvions une solution grâce à l'amendement de notre collègue Marc Le Fur, bien inspiré en cette occasion.