Je souhaite d'abord vous faire part des inquiétudes du monde agricole devant la baisse des crédits consacrés à l'indemnité compensatrice de handicap naturel, l'ICHN.
Cette indemnité, dont le rôle est essentiel, contribue au maintien d'une communauté rurale viable dans les zones fragiles, à la préservation d'écosystèmes diversifiés et des caractéristiques paysagères de l'espace agraire de ces zones. Cette baisse de moyens pourrait s'avérer rapidement très problématique, en particulier dans les zones de montagne. Je suis bien placée pour le savoir puisque je suis élue du Jura. Je voudrais donc connaître votre position sur ce sujet.
L'agriculture reste, plus que jamais, un pilier essentiel de notre économie et un enjeu de société. Alors qu'une cinquantaine de jeunes agriculteurs s'installent chaque année dans le département du Jura, je me réjouis que l'installation des jeunes soit encouragée par un abondement des crédits à l'installation puisque la mise en place du nouveau parcours de professionnalisation personnalisé – le PPP – permettra à environ mille candidats supplémentaires de bénéficier de l'accompagnement à l'installation.
Je me réjouis également de la reconnaissance affirmée de l'importance de la place de la forêt dans nos territoires ruraux. Ainsi, à l'issue du Grenelle de l'environnement, qui a débouché sur un consensus pour demander à la filière forêt-bois française de produire plus tout en préservant mieux la biodiversité, vous avez mobilisé les acteurs de la filière autour d'un plan d'actions, dont certaines mesures sont concrétisées aujourd'hui. La filière bois est placée au centre des enjeux visant à relever le défi du changement climatique.
Les crédits consacrés au développement économique de la filière forêt-bois sont en hausse : ils soutiendront, et c'est nécessaire, les entreprises françaises du secteur à travers le plan de relance de la compétitivité des scieries – 9,4 millions d'euros en crédits de paiement – et les subventions versées aux micro-entreprises pour la mécanisation de la récolte de bois. De plus, des subventions sont octroyées aux organismes de promotion et d'étude du bois, ainsi que 12,4 millions d'euros à l'inventaire forestier national.
Sur le difficile dossier du prix du lait et de la négociation en cours, les producteurs attendent de nous que nous nous opposions au détricotage des quotas laitiers sans précautions et sans mesures d'accompagnement, notamment pour les zones fragiles et les zones de montagne. Je souhaite donc que le nouveau système annoncé protège les intérêts légitimes de nos producteurs, qui doivent pouvoir vivre décemment de leur travail.
En Franche-Comté, notamment dans le Jura, la filière du comté a su trouver un accord sur le prix du lait. Certes, la situation est quelque peu atypique. En effet, alors que le prix du lait dans la filière industrielle avait augmenté de 30 % au premier trimestre 2008, avant de s'effondrer, les prix pour la filière comté n'avaient, eux, augmenté que de 5 %, malgré la forte hausse des charges. C'est dire le déséquilibre que nous avons constaté au début de l'année 2008. Après de dures négociations, les acteurs de la filière, affineurs et industriels, eux-mêmes soumis à la pression de la grande distribution, ont su faire preuve de maturité : ils ont accepté de payer plus cher les producteurs, dans l'intérêt collectif. Depuis cet accord, c'est toute la filière qui soutient les affineurs dans leurs négociations avec la grande distribution. Ils ont tous bien compris que la filière ne se portera bien que si tous les maillons sont rémunérés à leur juste valeur, et que chacun reste dans sa mission en respectant l'autre.
Il s'agit d'un exemple d'évolution progressive et juste du prix de la matière première lait, intelligemment décidée par une filière qui, fière de son label de production – le label est un point important –, a pour éthique de manifester son respect aux générations futures en leur léguant une filière où la viabilité de chaque opérateur est une préoccupation constante pour les autres.
En guise de conclusion, je livre l'exemple que je viens d'évoquer à la réflexion de tous. Il pose, me semble-t-il, la question des moyens que nous pourrions mettre en oeuvre afin que les producteurs ne restent pas spectateurs d'une gestion par trop désincarnée et fluctuante de leur production, et puissent collectivement rester acteur de la gestion du marché. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)