Monsieur le président, monsieur le ministre, madame et messieurs les rapporteurs, il est des institutions dont le poids et l'influence sont inversement proportionnels à l'ampleur de leur budget. Cette règle vaut pour le ministère de l'agriculture qui encadre la vie économique des huit-dixièmes de la surface de notre pays, en incluant les côtes et les forêts. Il ne faut pas s'étonner, dès lors, que les députés des circonscriptions rurales, comme celle de Fougères, accordent une attention particulière aux crédits de paiement affectés à un ministère aussi important.
Le budget du ministère de l'agriculture et de la pêche s'inscrit dans une perspective triennale qui doit voir ses crédits diminuer de 10 % dans le cadre de la révision générale des politiques publiques. Voilà une intention louable à laquelle les parlementaires centristes ne peuvent qu'adhérer en ces temps de crise financière. Je dois à cet égard, monsieur le ministre, saluer les efforts que vous consentez pour ne remplacer dans votre ministère qu'un départ à la retraite sur trois. De la sorte, un demi-milliard d'euros seront économisés sur les crédits de paiement du ministère à l'horizon 2011.
Ces économies ne seront pas réalisées par une réduction proportionnelle des lignes de crédits octroyées aux quatre programmes nationaux, confiés à la compétence du ministre de l'agriculture. Elles s'inscrivent dans une réforme institutionnelle qui dépassera le cadre des directions départementales de l'agriculture et de l'équipement pour s'étendre aux offices d'intervention agricoles ainsi qu'à l'Agence unique de paiement et au Centre national pour l'aménagement des structures des exploitations agricoles. Cette réorganisation devra du reste être expliquée aux agriculteurs pour être comprise.
L'homme doit rester au coeur de nos préoccupations. Je sais que le ministre de l'agriculture partage cette conviction pour avoir secouru de nombreux secteurs en crise au cours de l'année écoulée. Nos concitoyens ne comprennent pas toujours la fragilité des filières menacées et la modestie des profits réalisés par les agriculteurs spécialisés dans l'élevage hors sol. Ils oublient parfois bien vite que l'agroalimentaire est l'un des rares secteurs économiques à infléchir favorablement la balance de notre commerce extérieur. Si les agriculteurs doivent être aidés, ils doivent aussi être entendus ! Ce constat m'incite à me réjouir des assises de l'agriculture et de la forêt, que vous avez organisées dans les premiers mois de 2008.
Certes, le budget du ministère de l'agriculture ne représente qu'un tiers des crédits alloués par l'Union européenne aux agriculteurs français. Il témoigne cependant des priorités définies par le Gouvernement dans le traitement de problèmes souvent transnationaux. L'exemple récent de la fièvre catarrhale ovine montre la nécessité d'accroître les crédits consacrés à l'enrayement d'épizooties majeures. Leur récurrence fréquente me fait douter des perspectives de baisses des crédits annoncées par le Gouvernement à l'horizon 2010.
Les importations récentes de lait mélaminé chinois prouvent que la prévention et la gestion des risques sanitaires doivent rester des priorités nationales en attendant l'instauration d'un système européen de gestion des crises. Ces programmes doivent s'appuyer sur les groupements de défense sanitaire. Je ne peux que me féliciter à ce titre de l'augmentation des crédits annoncée dans le programme relatif à l'enseignement supérieur et aux recherches agricoles : plus de 5 %, soit 12 millions d'euros.
Je regrette en revanche que l'enseignement technique agricole, qui joue un rôle capital, n'ait bénéficié que d'une revalorisation symbolique dans le cadre de la mission vouée à l'enseignement scolaire. Le Gouvernement ne peut, en effet, ignorer les défis que les agriculteurs français doivent relever quotidiennement sur les plans techniques, économiques et environnementaux. Je sais gré au ministre de l'agriculture d'avoir abondé, l'année dernière, les dotations et prêts bonifiés et pour les jeunes agriculteurs après l'épuisement des crédits cofinancés par l'Union européenne. J'espère que son plan de modernisation des bâtiments d'élevage sera modulable de la même manière car de nombreux agriculteurs demeurant en attente de subventions depuis 2005.
La dérégulation récente des conditions de fixation du prix du lait est un autre sujet d'inquiétude pour le monde rural, qui redoute la disparition des quotas laitiers à l'horizon 2015.
Monsieur le ministre, mes chers collègues, je ne saurais clore cette intervention sans consacrer quelques mots à l'avenir des forêts françaises dont les trois-quarts appartiennent au secteur privé. Le Gouvernement entend mettre en oeuvre un programme de 309 millions d'euros afin de valoriser nos ressources naturelles, tout en préservant la biodiversité. Il me semble important d'envisager la manière dont nous devons lutter contre des importations d'essences tropicales qui plombent notre économie tout en faisant courir un risque écologique majeur à la planète.
Comme je l'ai expliqué lors de l'examen de la loi de modernisation de l'économie, la sous-exploitation des forêts françaises est si flagrante que notre pays, avec une forêt moitié plus étendue qu'en l'Allemagne, produit moitié moins de bois d'oeuvre qu'elle !