C'est à ce titre-là que vous allez, dans quelques instants, voter l'article 8.
Même le président de la télévision publique italienne – Dieu sait pourtant qu'elle est soumise à de fortes pressions – n'est pas désigné par le Président de la République.
Au Royaume-Uni, peut-on imaginer une seconde que Gordon Brown ou la reine Élisabeth nomme le président de la BBC ? Soyons sérieux !
Qui peut penser qu'Angela Merkel pourrait se mettre à nommer elle-même les présidents des chaînes publiques allemandes ? Même le Président de la Bundesrepublik, vous le voyez faire cela ? Ce serait intolérable dans ce pays.
Alors comment se fait-il qu'ici on finisse par l'accepter ? C'est que vous êtes pris d'une frénésie, qui n'est pas seulement une frénésie législative : il faut qu'à tout instant, il se passe quelque chose. C'est comme aux Galeries Lafayette ! Devant l'omniprésence frénétique du Président de la République, vous êtes comme enivrés, au point de ne rien voir de ce qui se passe dans la réalité.
On parlait tout à l'heure d'une forme de bonapartisme. Je parle, moi, de monarchie. Il suffit que, le 8 janvier dernier, au hasard d'une rencontre, le Président de la République dise, comme ça : « Il n'y aura plus de publicité sur les chaînes publiques », et boum, on y va !
À partir de là, on discute dans des commissions pendant plusieurs mois, mais c'est pour apprendre brutalement, au détour d'une conversation, que le Président de la République entend désormais nommer seul le président de France Télévisions.