Cet amendement est effectivement proche de ceux que viennent de défendre mes collègues du groupe SRC. Il n'est pas inutile de souligner le risque que l'on fait courir à l'indépendance de l'audiovisuel extérieur en faisant nommer son président par décret pris en conseil des ministres et en permettant qu'il soit révoqué par le Président de la République. Il est difficile de voir dans cette procédure un progrès démocratique : il s'agit d'une involution plutôt que d'une évolution ! Si l'on veut compenser le fait du prince et la dépendance consubstantielle du président de l'audiovisuel extérieur vis-à-vis du pouvoir, il est nécessaire que le conseil d'administration reflète un certain pluralisme.
Depuis le début de cette discussion, il y a de grands oubliés, à commencer par les téléspectateurs ; et si nous nous battons à l'Assemblée, c'est bien pour porter leur parole et leur inquiétude. Nous pensons également aux salariés de l'audiovisuel extérieur, mais aussi de l'ensemble des services de l'audiovisuel public, qui ont jusqu'à présent été traités comme de la valetaille par la majorité et les responsables chargés de l'audiovisuel public. Or une très grande inquiétude pèse actuellement sur les salariés de France Télévisions, soumis aux coups de boutoir quasi quotidiens du porte-parole de l'UMP, qui passe son temps à nous expliquer que les programmes diffusés par France Télévisions ne lui conviennent pas et qu'il conviendrait de mettre en oeuvre des plans sociaux.
Hier soir, mes collègues et moi-même avons évoqué le rapport de l'un de nos collègues sénateurs relatif aux moyens financiers de l'audiovisuel extérieur, qui sont dérisoires. Comment peut-on affirmer sérieusement qu'il va falloir se passer de 450 millions d'euros dans un premier temps, et de près de 800 millions d'euros lorsqu'il n'y aura plus du tout de publicité sur France Télévisions, alors qu'au même moment des entreprises mettent leurs salariés en chômage technique, que nous entrons dans une période de récession et que le Gouvernement continue malgré tout à refuser de partager les richesses et à servir toujours les mêmes ? Comment, dans une période où le Gouvernement augmente chaque jour un peu plus les déficits, peut-on croire à son engagement de combler de manière pérenne le manque à gagner résultant de la suppression de la publicité ?
C'est la raison pour laquelle nous estimons nécessaire de nous battre pied à pied, comme nous le faisons depuis quelques jours. Je suis désolé de devoir vous répéter tout cela, madame la ministre, mais j'espère néanmoins que vous transmettrez nos propos à M. le ministre chargé des relations avec le Parlement ainsi qu'à M. le président de la commission spéciale – encore que celui-ci ait sans doute trop à faire en ce moment pour s'intéresser à nos débats, occupé qu'il est à tenter de convaincre ses amis de la majorité du bien-fondé de certaines propositions du Président de la République, notamment en matière de travail le dimanche.