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Intervention de Jean-Pierre Brard

Réunion du 6 avril 2009 à 16h00
Développement économique des outre-mer — Exception d'irrecevabilité

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Brard :

M. le secrétaire d'État vient de nous dire que tous les chemins doivent être éclairés. Décidément, au Gouvernement comme aux Antilles, c'est la grève tous les jours et il n'y a plus de carburant ! En effet, l'obscurité règne. Si encore il ne s'agissait que de l'obscurité – mais le silence règne aussi ! Vous n'écoutez pas ! Je ne parle pas de vous en particulier, monsieur le secrétaire d'État : je n'aimerais pas être à votre place, étant donné que le Président de la République s'apprête à nommer jusqu'aux chefs de gare et qu'il se mêle de tout – surtout de ce qui ne le regarde pas. Voilà qui laisse peu de marge au ministre, y compris pour écouter – pour peu qu'il en ait la volonté. Dans ces conditions, je le répète, je ne voudrais vraiment pas être à votre place !

Songez que ce même Président de la République, dans son long monologue télévisé – ces plaidoyers pro domo dont il a l'habitude –, a réussi à ne pas dire un mot de la situation aux Antilles ! Quelle provocation pour nos compatriotes des Antilles, de la Guyane et de La Réunion !

Vous ne faites pas davantage preuve de respect du Parlement. Ou bien devrais-je dire que vous respectez autant le Parlement que nos compatriotes des Antilles, de la Guyane, de La Réunion et des territoires de l'Océan Pacifique ! J'en veux pour preuve les conditions de remise du texte soumis à la discussion.

Plus fondamentalement, monsieur le secrétaire d'État, et s'agissant d'une exception d'irrecevabilité, on peut légitimement s'interroger car les départements d'outre-mer ne sont pas considérés comme des départements de plein exercice. C'est ce qu'ont voulu nous dire nos compatriotes au travers des puissants mouvements du début de l'année.

Combien de décisions sont prises à Paris, alors qu'elles devraient être prises localement ? Sans compter tous les autres problèmes dont celui, essentiel, de la cherté de la vie. Le Gouvernement n'a pas la volonté de démonter le processus de formation des prix qui explique la vie chère et les conditions de vie difficiles de nos compatriotes. Il a certes décidé de créer des observatoires des prix, mais ceux-ci ne fonctionnent pas. Et s'ils devaient fonctionner selon la méthode proposée, ils pourraient faire penser à La Fontaine, lorsque, à plat ventre dans la forêt, à Château-Thierry, il regardait les insectes qui devenaient ensuite une source d'inspiration pour les fables qu'il composait ! (Sourires.)

Ce n'est pas ce dont nos compatriotes d'outre-mer ont besoin. Ils veulent qu'on les entende et qu'on donne à ces observatoires des pouvoirs d'investigation pour comprendre la perversité du système actuel et, surtout, savoir qui s'en met dans les poches. Or tout le monde sait, sur ces bancs, qui s'en met dans les poches ! Néanmoins vous ne voulez pas porter le fer dans la plaie, parce que ce sont vos amis ! (Vives exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Vous en avez honte ?

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