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Intervention de Jérôme Cahuzac

Réunion du 17 décembre 2008 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2009 — Exception d'irrecevabilité

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJérôme Cahuzac :

Les déficits filent, nos enfants et nos petits-enfants paieront les dettes que nous allons leur laisser, les taxes se multiplient, mais les affaires continuent, pour la personne que je viens de citer, mais aussi pour le président d'une grande banque peu avare de leçons, notamment à l'égard des membres de notre assemblée, et qui n'a pas trouvé indécent d'exercer récemment ses droits sur des stock-options à hauteur de près de 1,5 million d'euros à son seul profit, alors même que son établissement est compromis dans des affaires que je qualifierai de peu glorieuses.

Oui, les affaires continuent, y compris pour l'État. À cet égard, la loi de finances a été l'occasion, pour beaucoup ici, d'être gênés par la position des pouvoirs publics – certains même ne l'ont pas comprise – qui dénoncent les patrons voyous mais se comportent parfois de la même manière. Était-il vraiment opportun qu'à la fin de cette année, l'État fasse un chèque de 400 millions d'euros à Bernard Tapie ? Était-il vraiment opportun, dès lors que ce chèque était fait, qu'une majorité, au Sénat, puis en commission mixte paritaire, refuse qu'au moins le préjudice moral évalué à 45 millions d'euros – chose ahurissante, invraisemblable et en vérité indéfendable – soit soumis au fisc ou aux prélèvements sociaux. Vous en avez décidé ainsi, chers collègues. Mais en ne votant pas cette loi de finances, vous pouvez faire comprendre au Gouvernement que trop c'est trop et que si les choses vont mal pour certains, il est choquant que les affaires continuent pour d'autres.

Dénoncer les patrons voyous dans un discours célèbre et plutôt convaincant, pouvait se comprendre. Mais que dire du comportement de l'État lorsqu'il récompense un homme qui a constitué un groupe industriel à la barre des tribunaux de commerce dans des conditions sur lesquelles tout le monde a préféré jeter un voile pudique, que personne n'a souhaité soulever ? Comment a-t-on pu attribuer cette somme invraisemblable à quelqu'un dont le groupe était en vérité en capilotade quand il a décidé d'arrêter d'exercer ses talents dans le monde des affaires pour commencer sa carrière dans celui de la politique ?

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