Le tarissement des revenus publicitaires de France Télévisions accentuera sa dépendance à l'égard du pouvoir, contribuera à l'appauvrir financièrement et enrichira dans des proportions considérables ses concurrents privés.
On comprend mieux votre dessein lorsqu'on met ce tarissement de la ressource publicitaire de la télévision publique en rapport avec les étonnants cadeaux faits aux chaînes privées : deuxième coupure de pub dans les films et les oeuvres audiovisuelles de fiction, rehaussement du plafond de volume de publicité autorisé, passage de l'heure d'horloge à l'heure glissante, légalisation de la publicité clandestine avec l'autorisation du placement de produit. Toutes les vannes de la publicité sont ouvertes pour TF1 et M6. Cette publicité, prétendument tyrannique pour la télévision publique, n'a d'un seul coup plus d'inconvénient lorsqu'il s'agit d'alimenter les caisses de MM. Bouygues et consorts !
La deuxième coupure autorisée dans les films est, à cet égard, une atteinte grave à l'intégrité culturelle. Nous sommes tristes d'avoir entendu une ministre de la culture, rompant avec la position de tous ses prédécesseurs, en faire l'apologie.
La télévision française, publique comme privée, avait jusqu'à présent, quoi qu'on en dise, une certaine tenue. Mais le mouvement que vous engagez, oui, c'est une berlusconisation du paysage audiovisuel français.
La télévision publique, inféodée, appauvrie, n'aura plus les moyens de financer des programmes à un niveau lui permettant de rester dans la course avec les grandes chaînes populaires généralistes. La télévision privée, elle, noyée sous un véritable déluge publicitaire, dérivera inévitablement vers les formes les plus commerciales, telles qu'on les connaît dans certains pays européens, comme l'Italie. Vous allez abaisser le niveau général de la télévision dans notre pays.