En effet, d'une certaine manière : j'entends bien utiliser les dix minutes qui me sont imparties pour dénoncer toutes les atteintes aux libertés. (Interruptions sur les bancs du groupe UMP.)
Pour parfaire, disais-je, cette démocratie idyllique, respectueuse de l'ensemble des citoyens, est ensuite venue l'annonce tonitruante, le 7 janvier dernier, de la suppression des juges d'instruction. Autant dire tout de suite que la réforme ne manquera pas de s'accompagner de la fin des affaires politico-financières, du moins lorsque ces dossiers toucheront des personnalités issues de la majorité.
Même les services publics qui, sur certains territoires plus que sur d'autres, sont assurés par des collectivités territoriales actives – lesquelles font en quelque sorte office de contrepouvoirs – sont incessamment attaqués, exclus de l'intérêt général, alors qu'ils devraient être au coeur de la solidarité nationale.
Que dire du ministère de l'intérieur qui, pour la deuxième fois, se pourvoit en cassation contre le groupe de rap « La Rumeur » – il ne s'agit pas de savoir si celui-ci a tort ou non –, que la cour d'appel de Versailles avait pourtant relaxé au terme d'une longue procédure ? Bien que ses propos, comme le rappelle son avocat, traduisent des réalités attestées par des historiens et même des gardiens de la paix venus témoigner au procès, le chanteur Hamé est poursuivi par le ministère de l'intérieur depuis bientôt six ans ! Le réquisitoire du président de la cour d'appel de Versailles est pourtant très explicite et n'appelle pas de recours. Qu'à cela ne tienne, l'État revient à la charge une troisième fois ! Pourquoi un tel acharnement, sinon pour mettre à bas la liberté d'expression ?
Que dire, encore, de ces citoyens « lambdas » qui se voient poursuivis par les avocats du Président de la République pour avoir porté atteinte à son image !