Notons au passage que la multiplication de ces fichiers – STIC, Edvige ou Base élèves – prépare une société de fichage généralisée dangereusement liberticide. Comme l'observait hier fort justement le sociologue Laurent Bonelli dans un grand quotidien du soir, « nous sommes dans une logique d'extension du contrôle. […] La majorité des mesures sont prises dans l'urgence, quand ce n'est pas dans le secret, comme le fichier Edvige […] ».
Cette pratique se situe d'ailleurs dans la droite ligne des arrestations sans fondement de pseudo-terroristes censés représenter cette nouvelle « ultra-gauche », concept inventé par le ministère de l'intérieur pour faire peur. Le traitement de jeunes gens comme Julien Coupat révèle d'ailleurs le peu de cas réservé à ce pilier de notre justice qu'est la présomption d'innocence. Sous couvert de lutte antiterroriste, certains Français qui ont choisi un autre modèle de vie ou de société se voient assimilés à des terroristes et emprisonnés. N'oublions pas que cela fait trois mois que Julien Coupat est incarcéré sans motif et sans preuves.