Nous sommes restés des jours et des nuits dans cet hémicycle. Vous avez raillé nos amendements, mais nous avons utilisé les seuls moyens à notre disposition dans ce Parlement de moins en moins lieu d'échange et de liberté. Vous n'avez accepté aucun de nos amendements. Vous avez fait preuve d'un mépris total pour la discussion, comme si, en pilotage automatique, vous n'aviez qu'un but : obéir à « l'omniprésident », et surtout ne pas fléchir et ne pas réfléchir.
Comment faire croire que l'on a une vision de l'avenir et un dessin pour la France quand on fait passer en urgence un projet de loi que personne ne demandait et qui aboutit à un renforcement des prérogatives présidentielles, à un moment où la crise est au centre de toutes les préoccupations ?
Chers collègues, vous allez droit dans le mur, et, en plus, vous klaxonnez. Il y a un an, nous aurions pu rêver d'inventer ensemble de nouveaux espaces de liberté, à travers un projet ambitieux de réflexion sur la télévision publique. Un an plus tard, nous nous trouvons avec un projet de loi qui maintiendra la télévision sous la coupe du Président de la République, avec l'épée de Damoclès que représente la révocation.
Le cynisme est tel au sommet de l'État que l'on ne se cache même plus pour céder au mélange des genres. Un Président de la République au-dessus de la mêlée ? Vous n'y pensez pas ! Il veut tout contrôler, tous les nommer, tous les voir trembler, tout en continuant à jouer le rôle du chef de parti…