Le projet de loi organique préalable à la réforme du règlement – dont l'examen a tourné court la semaine dernière – ne portait pas sur des questions subalternes relatives à l'organisation de nos débats, mais bel et bien sur le droit au débat public, sur la possibilité de contester la politique gouvernementale et de mettre au jour le caractère démagogique des discours du chef de l'État.
S'en prendre, comme vous le faites, à la fois aux droits de l'opposition et au droit de grève n'a rien d'innocent. Cela participe d'un climat général, révélateur de la crispation des tenants d'un système qui a failli. La crise financière en cours est le symptôme de l'épuisement des modes de régulation mis en place au tournant des années 1980 par les fameux néolibéraux. Elle procède du refus de considérer le caractère économiquement ruineux de la précarisation générale de l'emploi, des pressions exercées sur les salaires, de la faiblesse de l'investissement productif, de la faiblesse des dépenses de recherche et de formation, du dumping fiscal, du gaspillage des ressources naturelles, ce qui a littéralement asséché nos économies.
Alors oui, un autre plan d'urgence est possible pour combattre la crise ! La première priorité est de sécuriser l'emploi, de suspendre immédiatement les plans sociaux, de garantir les revenus de ceux qui subissent le chômage technique, de réorienter les dividendes et les bénéfices vers ces objectifs et de dissuader fiscalement les délocalisations. La deuxième priorité est de relever le pouvoir d'achat populaire par diverses mesures : porter immédiatement le SMIC à 1 500 euros, s'engager à relever de 25 % les minima sociaux et le minimum vieillesse sur cinq ans, baisser le taux de TVA qui s'applique aux produits de première nécessité comme l'énergie, l'alimentation et les transports.
Il faut relancer l'investissement, et l'investissement public en premier lieu. Dans les domaines clés de la santé, des transports, de la recherche ou de l'aménagement du territoire, il faut que l'État apporte son soutien aux collectivités locales, les aide à retrouver des marges de manoeuvre et s'applique à préserver l'emploi et les services publics.
Il convient ensuite de financer un plan de modernisation de la filière automobile qui tienne davantage compte des enjeux environnementaux ; de lutter contre le dumping social et fiscal qui favorise les délocalisations ; de stimuler la filière du bâtiment par un plan ambitieux de réhabilitation et de construction de logements sociaux, de façon à garantir la mixité sociale de l'habitat ; de consentir, enfin, des prêts à taux zéro pour les PME et PMI en difficulté, afin de préserver l'emploi, y compris via des garanties de l'État.
L'exigence est en outre de constituer un pôle public financier pour réorienter les quelque 360 milliards d'euros que vous êtes prêts à consentir aux banques, et ce sans contrepartie, vers la réalisation d'objectifs d'intérêt général.