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Intervention de Roland Muzeau

Réunion du 27 janvier 2009 à 15h00
Motion de censure — Discussion et vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRoland Muzeau :

Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mes chers collègues, bas salaires, suppressions d'emplois, restructurations de très grande ampleur, mobilité subie, remise en cause de la réglementation du travail, du droit de grève, des conditions de retraites : aucun domaine social n'échappe aujourd'hui aux difficultés. C'est pourquoi toutes les confédérations syndicales ont décidé de s'unir dans un grand mouvement interprofessionnel, jeudi prochain. Huit organisations ont signé la plate-forme commune revendicative.

Ce mouvement, le quotidien Le Parisien souligne, à l'appui d'un sondage CSA, qu'il recueille l'adhésion et le soutien de 69 % de nos concitoyens. C'est la première fois, depuis l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy, qu'un mouvement social recueille une telle adhésion auprès de l'opinion publique, précise l'institut CSA.

Chacun a en effet conscience que, face à la crise économique et sociale, face aux suppressions massives d'emplois et aux plans sociaux qui se multiplient, des mesures publiques urgentes s'imposent en faveur de l'emploi, des salaires, des retraites et des minima sociaux pour relancer l'économie. Les Français ne se satisfont plus des numéros d'illusionniste et des habituelles rodomontades du Président de la République. Ils en ont assez de l'autosatisfaction qu'affiche votre gouvernement, monsieur le Premier ministre, alors qu'aucune des mesures prises ou annoncées n'est véritablement de nature à permettre à notre pays de faire face aux conséquences de la crise financière. Votre plan s'inscrit dans une concertation européenne de plans nationaux ayant tous, peu ou prou, la même philosophie, qui consiste à stabiliser les marchés financiers.

Les conclusions de la présidence du sommet européen de décembre dernier sont à cet égard des plus claires, et soulignent que « les mesures de soutien à la demande […] seront accompagnées d'un effort accru de mise en oeuvre des réformes structurelles dans le cadre de la stratégie de Lisbonne ». Elles réaffirment que « le pacte de stabilité et de croissance révisé demeurera la pierre angulaire du cadre budgétaire européen » et précisent que « le Conseil européen appelle les États membres à revenir dès que possible vers leurs objectifs initiaux ». Priorité est donc donnée à la poursuite de la politique monétaire de la BCE, à l'attractivité financière de l'euro, à la relance de la spéculation.

Les prévisions officielles de la Commission européenne sont pourtant très pessimistes : le PIB de l'UE devrait chuter de 1,8 % en 2009. Cette récession aura pour conséquence une augmentation très importante du chômage et le creusement des déficits. La seule réponse apportée par les Vingt-sept, y compris par la France, est de proposer d'attendre que les choses se tassent. Tant pis si des milliers de personnes perdent leur emploi, tant pis si les services publics sont exsangues... Attendons ! Pourtant les banques et les grands groupes français n'ont pas eu à attendre : 428 milliards d'euros leur ont été servis, sans aucune exigence quant à l'utilisation de cet argent. À cela, rappelons-le, s'ajoutent 65 milliards de cadeaux fiscaux qui, chaque année, manquent au budget de l'État en raison des exonérations fiscales et des aides aux entreprises. Ces avantages fiscaux sont consentis, eux aussi, sans aucun contrôle. Voilà des mesures qui se paient par des restrictions budgétaires dans les domaines clés de la formation, de l'éducation, de la santé, de la recherche, des transports et des services publics, et par la suppression de dizaines de milliers de postes.

Vous avez quand même un sacré culot de féliciter les services publics pour le travail accompli à l'occasion de la tempête dans le Sud-Ouest, alors que vous supprimez des dizaines de milliers de postes. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et du groupe SRC.)

Alors que nos concitoyens se serrent la ceinture, le Président de la République se perd en vains discours sur la nécessité de moraliser notre système économique et de refonder le capitalisme. Vous avez décidé d'employer l'argent des Français à renflouer le système qui a produit la crise, et à secourir d'abord les banques uniquement soucieuses de reconstituer leurs fonds propres et de distribuer de juteux dividendes à leurs actionnaires dès le prochain exercice.

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