Dernier exemple : l'extension des avantages fiscaux supposés favoriser l'accession à la propriété peut masquer la nécessité de prendre en charge les 3,5 millions de mal logés. Comment mettre en oeuvre le droit opposable au logement ?
Dans ce contexte, l'accession à la propriété ne saurait constituer le seul horizon gouvernemental. Cette tendance forcenée à vouloir faire de tout le monde un propriétaire se fait au détriment d'une politique de lutte contre la précarité des habitats. On notera d'ailleurs qu'en comparaison avec les 1,3 milliard d'euros affectés au financement de la TEPA, seuls 60 millions sont consacrés à l'hébergement d'urgence et à l'aide alimentaire.
L'affectation du surplus des recettes fiscales à la réduction du déficit budgétaire apparaît donc pour le moins inappropriée. Ce surplus pourrait être utilisé pour soutenir la croissance dans deux directions : d'une part, contribuer à l'augmentation du pouvoir d'achat des ménages aux revenus les plus modestes, d'autre part, favoriser la résorption d'un certain nombre de déséquilibres structurels.
Je m'arrêterai quelques instants sur le cas de la Martinique, qui constitue une illustration parfaite de ces déséquilibres. Je vous rappelle que le taux de chômage y avoisine les 24 %. Il est particulièrement important chez les jeunes, puisqu'il est de près de 40 % chez les moins de 30 ans. Dans certains quartiers de Fort-de-France, il atteint même le niveau record de 70 % ! Dès lors, le renforcement des dispositifs d'aide à l'emploi devrait être une priorité absolue. Or, ce collectif n'en porte aucun signe. Au contraire, vous avez supprimé des dispositifs de solidarité entre générations, tels le congé-solidarité, qui avait pourtant donné des résultats très satisfaisants, puisque près de 2 000 jeunes en avaient bénéficié à la Réunion et 810 en Martinique. À ce propos, lorsque M. Chartier a évoqué les 4 000 bénéficiaires du bouclier fiscal à la Réunion, il aurait également dû citer le taux de chômage de 34 % !