Pour les cinquante postes par an sur quatre ans dont vous avez parlé, il ne faudra plus que vingt-cinq ans pour y parvenir ! Mais j'imagine que cela se fera par redéploiement. Il faudra beaucoup de volonté politique pour que les structures ministérielles imposent le redéploiement de postes d'enseignants des spécialités techniques vers la médecine générale.
Sur le plan de la démographie médicale, c'est une discipline sinistrée ! Plusieurs de nos collègues, sur tous les bancs, l'ont fait remarquer. Les médecins généralistes ont, en moyenne, cinquante-deux ans ; ils sont aujourd'hui 50 000, mais leur nombre diminue depuis trois ans déjà. Au cours des dix ans qui viennent, 5 % des effectifs, soit 2 500 par an, partiront à la retraite, soit la moitié des effectifs actuels. Or, en 2004, seules 370 installations de jeunes médecins ont été comptabilisées.
Certes, vous avez augmenté le numerus clausus : 3 500 étudiants pour le diplôme d'études spéciales de médecine générale. Mais un tiers seulement des étudiants qui s'engagent dans cette voie s'installeront comme généralistes. L'augmentation du numerus clausus permettra, au mieux, d'aboutir à 1 100 installations dans six ans, alors que 2 500 départs à la retraite sont prévus. Pour parer à la catastrophe sanitaire annoncée, il faut prendre les mesures pour que 80 % de cette cohorte d'étudiants de médecine générale s'installent dans l'exercice ambulatoire. Vous n'en prenez pas le chemin car vous ne faites rien pour rendre l'exercice de la médecine générale plus attractif. Les efforts des collectivités locales pour favoriser l'installation matérielle des jeunes médecins ne suffiront pas. Il faut valoriser et enrichir le champ et la qualité de l'exercice de la médecine générale pour en augmenter l'intérêt et l'attractivité. Il faut faire du médecin généraliste l'acteur de base de santé publique dans le cadre d'un effort de réorientation de notre système de santé, principalement tourné vers les soins, vers une nouvelle approche, une approche sociétale de santé durable, accordant davantage de place à la prévention, à l'éducation sanitaire, à la santé environnementale, à la santé au travail et à l'école. Cette approche nouvelle est indispensable ; à cet égard, la médecine générale, la médecine de proximité constitue un atout décisif. Nous avions voté la création de la filière universitaire de médecine générale le 8 janvier 2008.
Les moyens mis à la disposition de la filière universitaire de médecine générale sont insuffisants pour permettre le déploiement de ces structures pluridisciplinaires de proximité. Cependant, chaque fois que vous nous proposerez des mesures positives, nous les soutiendrons. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)