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Intervention de Christian Paul

Réunion du 19 juin 2008 à 9h30
Débat sur l'organisation du système de santé en france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristian Paul :

Monsieur le président, madame la ministre, mesdames et messieurs les députés, la qualité d'un système de santé qui se prétend l'un des meilleurs au monde peut se briser net quand les inégalités se creusent dans la France de tous les jours. Notre système de santé craque de toute part ; il faut le réformer en profondeur, avec une vraie vision des besoins de la population – en particulier de celle qui vieillit – et de l'organisation de la santé sur les territoires.

Toujours, les crises frappent les plus faibles et les plus isolés.

Devant la santé, la prévention et les soins, les Français sont profondément inégaux pour trois raisons : financières, culturelles et géographiques.

Financières, d'abord. Sur la liste noire de cette législature, figureront les franchises – Catherine Lemorton l'a dit ce matin –, les tarifs, qui ne connaissent plus de limites quand le privé devient le seul recours, les écarts d'honoraires et de rémunération les plus indécents, signes d'un système qui a perdu son gouvernail et beaucoup de son éthique.

Des raisons culturelles, ensuite, parce que la prévention, la santé publique, la médecine scolaire, la médecine du travail ont vu leur maillage régresser.

Des raisons géographiques, bien sûr, car le désert médical est en expansion accélérée dans les campagnes, mais aussi dans les villes.

Madame la ministre, vous vouliez des propositions : en voici !

Avec le groupe socialiste, nous abordons ce débat avec un plan de bataille contre le désert médical. La formation, l'organisation, les rémunérations, le financement : comme l'a dit Jean-Marie Le Guen, c'est un chantier global.

L'État doit prendre, avec le concours de l'assurance maladie, au moins sept engagements devant les Français, non pas mezza voce, mais avec force.

D'abord, créer des normes de délai d'accès aux soins est vital. Or la loi est muette sur ce point. Les Français réclament, à juste titre, que la République rétablisse l'égalité par la loi, qui doit dire clairement qu'on ne saurait être, au XXIe siècle, à plus de trente minutes d'un SMUR ou à plus de quarante-cinq minutes d'une maternité. Et cela vaut pour l'ensemble de l'offre de soins.

Ensuite, il faut mettre en place un pilotage régional qui tourne le dos à l'impuissance et à l'autocratie. Que les agences régionales de santé mettent fin à l'empilement des structures, c'est bien, mais pas pour y substituer un pouvoir sans partage et « bunkerisé ». Les collectivités locales et régionales, les territoires, les usagers y ont leur place ; nous en débattrons.

La définition d'une stratégie des formations est également une urgente obligation. Non seulement les numerus clausus doivent être encore assouplis, mais finement adaptés aux besoins de chaque région, discipline par discipline, et plus seulement dictés par les besoins des CHU. Ce serait du jamais vu. J'aimerais décerner une mention spéciale pour la création – enfin ! – de la filière universitaire de médecine générale, médecine noble mais si maltraitée à l'université que plusieurs générations d'étudiants l'ont fuie. Toutefois, la durée des stages obligatoires en ambulatoire doit être plus longue. Surtout, il faut dès maintenant des enseignants titulaires et associés en nombre suffisant : non seulement on est loin du compte dans vos propositions, mais Mme Pecresse semble s'y opposer.

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