Injustes, irresponsables, inacceptables, ces franchises sont également impossibles à analyser pour l'instant. Aucune étude crédible n'ayant encore été menée, on croit rêver lorsqu'on entend de hauts responsables évoquer, début mai, un « effet franchises » positif pour justifier une baisse de la consommation des médicaments. La raison devrait inciter ces responsables à patienter plutôt qu'à s'en remettre à la méthode Coué.
D'autant plus que de vraies questions pourraient aussi exciter leur sagacité : combien d'autres de nos concitoyens, en plus des 13 % déjà évoqués, vont se priver de soins faute de pouvoir payer ? Où est la responsabilité du patient dans la quantité et le coût des médicaments prescrits, alors que, me semble-t-il, c'est toujours le médecin qui prescrit les médicaments et signe les ordonnances ? Pourquoi un tel renversement de charge ?
L'automédication est encore un des sujets sensibles évacués par le Gouvernement. Une fois de plus, madame la ministre, vous employez le mot quasi mystique de « responsabilisation ». En responsabilisant les patients, qui pourront accéder librement à des médicaments, vous instituez un formidable paradoxe : d'un côté, les médicaments remboursés que les Français consomment trop ; de l'autre, l'accès facilité – donc la surconsommation – pour les médicaments déremboursés.
Pour augmenter l'automédication, il faudrait préalablement mener une véritable politique d'information, d'éducation thérapeutique, indépendante et transparente, ce que le Gouvernement ne semble pas disposé à faire.
Qui se cache donc derrière le libre accès ? Allons-nous voir le libre accès se transformer rapidement en libre-service ? Les intérêts de grands groupes économiques privés vont-ils prendre le pas sur la santé de nos concitoyens ? Ces questions méritent des réponses claires, franches, sans démagogie. Car – soyons honnêtes – la récente campagne d'une chaîne d'hypermarchés n'est pas de nature à nous rassurer.