J'espère que chacun a écouté avec attention tous les arguments développés par Didier Mathus, et que je vais essayer de compléter.
Nous ne sommes pas spécialement fiers de cet amendement de repli, qui ne vise qu'à limiter les dégâts. Mais, face à l'ardente volonté de nos collègues de la majorité de permettre au Président de la République de nommer et révoquer par décret les présidents de sociétés, au moins essayons-nous d'apporter quelques garanties minimales.
Tout à l'heure, Mme la ministre s'est récriée : comment pouvions-nous imaginer que le Président de la République – dont les nerfs, comme chacun sait, sont particulièrement solides – puisse avoir envie de procéder à une révocation ? C'est impossible, nous a-t-elle assuré, car la presse en parlerait tous les matins. Mais, madame la ministre, cela fait six mois que la presse en parle tous les matins ! Cela fait exactement six mois qu'on se demande si M. de Carolis va rester, ou non, à la tête de France Télévisions. Cela, parce que M. de Carolis, en homme libre, a dit ce qu'il pensait d'une des positions prises par le Président de la République. Et aussi parce qu'il a dit que, s'il n'avait pas les moyens nécessaires pour mener la politique qu'il souhaitait, il ne resterait peut-être pas à son poste. Il en a été question dans la presse tout au long du mois de septembre.
Imaginer qu'un président de société pourrait ne pas savoir, en se levant le matin, quel sort lui sera réservé n'a donc rien d'absurde : c'est la situation actuelle. Vous pourrez toujours prétendre que c'était le résultat d'un moment d'égarement et qu'il n'en sera pas toujours ainsi. Moi, j'ai le sentiment que le Président de la République a pris l'habitude de s'occuper de l'ensemble des problèmes de la presse. Il a commencé par le privé, il est passé ensuite à la presse écrite, et il ne souhaite pas en rester là.