Monsieur le président, monsieur le ministre, chers collègues, chacun sait l'importance du tourisme dans notre économie – un million d'emplois non délocalisables, 7,12 milliards d'euros de chiffre d'affaires –, sa capacité de résistance et de rebond en période de crise. Ces chiffres, qui font de la France l'une des toutes premières destinations touristiques au monde, illustrent l'excellence du savoir-faire de nos professionnels en même temps que la puissance d'attraction de notre patrimoine, la richesse de notre culture, la force de séduction de notre mode de vie et la qualité de la marque « France ».
Pourtant, le fait d'être passés en quelques années de la deuxième à la troisième place mondiale et d'avoir davantage perdu en chiffre d'affaires qu'en nombre d'entrants nous oblige à nous interroger sur la compétitivité de notre outil touristique et à trouver des solutions pour le maintenir au plus haut niveau mondial. Tel est l'objet du texte qui nous est proposé, qui vise en particulier à moderniser notre parc hôtelier pour l'adapter aux nouvelles attentes de ses clientèles potentielles en même temps qu'aux standards internationaux.
Cette modernisation, nécessaire et attendue, doit tenir compte des caractéristiques de notre patrimoine hôtelier traditionnel, souvent de type familial, et des difficultés auxquelles se heurtent ses propriétaires pour mettre aux normes leurs établissements, maintenir un seuil raisonnable de rentabilité et conserver leur patrimoine.
Notre parc hôtelier est composé de 17 000 établissements : plus de 12 000 en zéro, une ou deux étoiles, 3 800 en trois étoiles et 837 en quatre étoiles et luxe. Il repose pour l'essentiel sur une gestion de type familial, davantage orientée vers un tourisme à valeur ajoutée que vers un tourisme de masse.
La première contrainte qui s'exerce sur ce parc est celle de la rareté et donc du coût du foncier constructible dans les régions touristiques. Les lois d'aménagement – loi littoral et loi montagne pour ne parler que d'elles – y protègent un environnement et des paysages qui font l'attrait touristique de ces territoires. Les plans de prévention des risques naturels, quant à eux, rendent parfois inconstructibles de vastes espaces où la vie des habitants pourrait être mise en danger. Outre – mais c'est un autre sujet – que ces textes rendent la construction de logements pour actifs plus que problématique, ils ont pour conséquence que les propriétaires d'hôtels ont le plus souvent intérêt, en tout cas en période de marché haut, à vendre leur établissement à un promoteur qui le transformera en immeuble de résidences secondaires plutôt qu'à le rénover, à le mettre aux normes ou à l'agrandir, bref, à l'exploiter.