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Intervention de Michel Françaix

Réunion du 4 décembre 2008 à 15h00
Nomination des présidents des sociétés de l'audiovisuel public — Rappel au règlement, amendements 184 794

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Françaix :

Nous sommes tombés bien bas, monsieur le président, et je comprends que beaucoup de députés de la majorité préfèrent rester dans les couloirs. Ils ne peuvent pas être très fiers, en effet, de ce qui se passe dans notre hémicycle.

Quand nous proposons que le service public de l'audiovisuel soit dirigé de manière indépendante, ou que, pour les mêmes raisons, les personnalités qui siègeront aux conseils d'administration soient choisies, par exemple, parmi les parlementaires de tous horizons, on pourrait croire que toutes les mains vont se lever pour voter notre amendement. Mais non !

Quand nous suggérons que les gens qui choisiront le nom du président de France Télévisions devraient tout de même connaître quelque chose à la télévision ou être actifs dans ce secteur, on pourrait s'attendre à ce qu'une proposition aussi banale suscite un consensus général. Pas davantage !

Enfin, on en arrive au dernier coup bas : la révocation, la lettre de cachet. Selon que le Président de la République se sera levé du bon pied – ou non –, qu'il sera de bonne humeur – ou non –, qu'on aura dit niaisement du bien de lui, de sa famille ou de sa politique – ou non –, il rendra son arrêt.

Il faut vraiment ne pas aimer les journalistes, ne pas aimer le service public pour leur refuser ainsi toute hauteur de vue, ainsi que toute indépendance dans le traitement de l'information ou le choix des programmes. Savez-vous que création rime avec transgression, et ne s'accorde que fort mal avec Président de la République et exécutif fort ? À terme, ce sont tous les programmes qui seront affectés par une telle conception de la France.

Je vois bien l'air accablé de bon nombre de collègues de la majorité. Certains, pour ne pas écouter, rédigent leur courrier. Je les comprends : pour eux, cela vaut mieux. Cette nuit, quand ils rentreront chez eux – fort tard, puisque nous allons rester encore un bon moment ensemble –, j'espère que certains d'entre eux se demanderont s'ils ne viennent pas de porter un mauvais coup au service public et à la conception que nous nous faisons tous de la démocratie, à la République ou du pluralisme. Je leur souhaite de s'endormir sagement ; mais parmi les députés de la majorité qui s'intéressent à l'audiovisuel et qui partagent certaines valeurs avec nous, j'en connais qui ne doivent pas être très à l'aise dans leurs baskets… Il est encore temps pour eux de réviser leur vote.

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