Je voulais attirer votre attention sur la portée du projet de loi que nous examinons et en particulier de son article 8. Par nos amendements, nous essayons de revenir sur cette disposition scélérate de la nomination du président de France Télévisions et des sociétés de programme par le Président de la République directement.
Caroline Fourest, dans Le Monde de cet après-midi, écrit dans sa tribune :
« La concentration des médias, souvent dénoncée, vit un tournant. Le fait que plusieurs grands médias appartiennent à des quasi "frères" du président renforce le potentiel aléatoire de la démocratie d'opinion. Ce lien incestueux n'est relativisé que par le fait qu'il existe encore quelques grands médias capables de véhiculer un message critique à l'égard de la parole officielle. Qu'en sera-t-il à l'issue de la réforme de l'audiovisuel public voulue par le président ? Au lieu de se montrer rassurant et de veiller à une meilleure séparation des pouvoirs politiques et médiatiques, il dit vouloir mettre fin à "l'hypocrisie" en nommant directement le président deFrance Télévisions. Son obligé sera-t-il au service du gouvernement ou de l'esprit public ? De deux choses l'une. Soit la réforme engagée permet en effet aux chaînes publiques de trouver un équilibre entre intérêt et qualité grâce à un financement ambitieux et pérenne. Soit la télévision publique du futur sera institutionnelle à en mourir d'ennui et perdra toute attractivité au profit des chaînes privées. Privée d'audience, son financement sera devenu difficilement justifiable […], et des politiques pourront alors envisager une privatisation totale du paysage audiovisuel français. Les téléspectateurs qui voudront fuir le divertissement tous azimuts iront grossir les rangs de ceux qui auront déjà fui le retour de l'ORTF, et tous se retrouveront sur le Web. Pour le meilleur et pour le pire. »
Du meilleur, il y en a sur le Web, mais du pire aussi !
Caroline Fourest, plus loin (Exclamations sur les bancs du groupe UMP),…