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Intervention de Patrick Bloche

Réunion du 25 novembre 2008 à 21h30
Communication audiovisuelle et nouveau service public de la télévisionnomination des présidents des sociétés de l'audiovisuel public — Question préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrick Bloche :

Avec la suppression de la publicité, on revient – hasard du calendrier –, à la situation d'avant 1968, puisque la première publicité a été diffusée à la télévision cette année-là.

Quel est donc cet âge d'or de la télévision publique, mythifié par le Président de la République lui-même, avec lequel vous voulez renouer par la promotion d'automatismes aussi nostalgiques que ringards ? Une télévision libérée de l'audimat devrait ainsi inévitablement garantir la production d'émissions de qualité. Il s'agit pourtant d'une erreur « historique » de penser qu'une bonne télévision doit nécessairement être dépourvue de publicité. Il est possible de faire une très bonne télévision avec de la publicité, de même qu'il existe une très mauvaise télévision sans publicité. En matière de programmes, la suppression de la publicité n'est en aucun cas une garantie de qualité.

Aux yeux du Gouvernement et de sa majorité, il faudrait soustraire la télévision à la logique de l'audimat, dans laquelle l'enserre le recours à la publicité. Mais faut-il nécessairement partager un tel diagnostic ? Faut-il à ce point craindre les mauvais choix des téléspectateurs ? Nous ne le pensons vraiment pas. La performance en termes d'audimat et la qualité des programmes ne sont pas antinomiques, loin de là. Avec de bonnes émissions, audacieuses et de qualité, alliant information, connaissance et divertissement, l'audience sera au rendez-vous.

Pour offrir des émissions de qualité, qui répondent pleinement aux attentes des téléspectateurs ; pour faire que la culture puisse véritablement, selon la formule de l'exposé des motifs du projet de loi, « irriguer les grilles des programmes et se partager aux heures de grande écoute avec le souci de s'adresser à tous », il faut y consacrer les moyens nécessaires. Pourtant, dans ce texte, le Gouvernement dresse, jusqu'à l'ivresse, une liste de belles intentions en se payant le luxe de ne pas sortir un centime d'euro de sa poche : quel culot ! Pour que l'audiovisuel public remplisse pleinement les missions que le projet de loi lui fixe, il faudrait le doter d'un financement pérenne – ce qui est loin d'être le cas –, et d'une organisation qui assure son efficacité.

Or la réorganisation des chaînes publiques en un « média global » ne va pas dans ce sens – c'est le moins que l'on puisse dire. En effet, la transformation du groupe France Télévisions en une entreprise unique par fusion-absorption des chaînes éditrices France 2, France 3, France 4, France 5 et RFO va bouleverser les structures et les métiers de la télévision publique et la fragiliser durablement. Cette opération n'a pas uniquement un caractère juridique, elle vise aussi à créer des synergies. En d'autres termes, elle consiste à réaliser des économies d'échelle par la mise en commun d'un certain nombre de métiers. L'identité et la spécificité des chaînes sont donc en jeu – si tant est qu'on puisse encore parler de chaînes et que ces dernières ne soient pas déjà devenues des marques.

Cette mise en commun des structures pose une question fondamentale en matière de pluralisme et d'information. En effet, il est indispensable que le service public de la télévision ne parle pas d'une seule voix, et qu'en son sein, il puisse donner l'exemple, en faisant place à la diversité des points de vue et des opinions.

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