Monsieur Herbillon, dès 2009, première année d'application de la loi, réussir à boucler le budget de l'audiovisuel public relèvera de l'impossible et le compte n'y sera pas.
En année pleine on peut estimer, en prenant comme référence l'année 2007, que les revenus publicitaires de France Télévisions sont de l'ordre de 800 millions d'euros, soit un tiers de son financement. En 2009, la suppression de la publicité après 20 heures devrait être compensée à hauteur de 450 millions d'euros. Pour retrouver un budget de fonctionnement équivalent, France Télévisions devra donc dégager, avant 20 heures, des revenus publicitaires de l'ordre de 350 millions d'euros. Excusez du peu ! La politique tarifaire des télévisions privées entraînant une baisse des tarifs des écrans publicitaires, cet objectif semble d'ores et déjà parfaitement inatteignable.
En conséquence, les ressources de France Télévisions baisseront, alors même que le groupe fera face à des coûts supplémentaires puisque le budget 2009 devra, par exemple, prendre en compte le financement des nouveaux programmes qui auront vocation à occuper le temps libéré par la publicité. Ce budget devra également intégrer les coûts relatifs au renforcement de la stratégie éditoriale visant à proposer un nombre croissant – nous dit-on – de programmes à vocation culturelle à des heures de grande écoute. France Télévisions devra également poursuivre son effort d'investissement en faveur de la création audiovisuelle française et européenne, puisque, à croire le Gouvernement, c'est ce qui lui est demandé. À ces investissements s'ajouteront ceux nécessaires à la diffusion des contenus sur les différents supports numériques, communément dénommée « diversification ».
On peut, dès aujourd'hui, estimer à au moins 100 millions d'euros, peut être même 200 ou 300 millions, la somme qui manquera à France Télévisions pour boucler son budget en 2009.