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Intervention de Serge Grouard

Réunion du 8 juin 2009 à 16h00
Loi de programmation militaire pour les années 2009 à 2014 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSerge Grouard :

Nous le ferons tout à l'heure.

Le projet actuel confirme cet effort avec le quatrième SNLE-NG, le missile SLBM M51, le Rafale et l'ASMPA, avec le Mirage 2000NK3. Dans un environnement où, quoi qu'on puisse en dire, on ne désinventera pas l'arme nucléaire, cette capacité confère la liberté de décision et d'action nécessaire à notre crédibilité.

Troisièmement, le format de nos capacités opérationnelles conventionnelles répond aux objectifs de prévention, de protection et d'intervention. Notre armée de terre doit disposer de la capacité de mobiliser jusqu'à 45 000 hommes et de s'engager dans des combats de haute intensité avec des moyens de protection renforcés, notre armée de l'air d'une capacité simultanée de combat de 70 avions, notre marine d'une capacité de deux à trois groupes d'intervention.

Restent deux incertitudes à lever. D'une part, l'A400M doit entrer le plus vite possible en service. Il y va de notre capacité de projection. D'autre part, nous devons réfléchir à l'acquisition d'un deuxième porte-avions, donc à la permanence opérationnelle aéronavale en mer. Le cas échéant, je proposerais volontiers qu'on le baptise Jeanne-d'Arc, puisque le porte-hélicoptères appelé ainsi va être retiré du service. Au vieux gaulliste que je suis, ces deux noms apparaissent comme un résumé hautement symbolique de notre histoire. Je soumets cette proposition à votre sagacité.

Au total, nous pensons que les orientations stratégiques et le volume capacitaire proposés par la loi de programmation militaire répondent aux nécessités de notre posture internationale.

J'en viens à ma troisième question : les moyens humains, matériels et financiers ont-ils été correctement évalués ?

En la matière – faut-il le rappeler ? –, nous payons encore le prix des lourdes erreurs commises dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, quand nous avons refusé des adaptations structurantes pour nos forces armées. Il a fallu attendre la décision du Président Jacques Chirac pour supprimer la conscription et aller vers la professionnalisation. Nous avons aussi commis des erreurs en choisissant les principaux matériels que nous avons commandés alors. Hérités de la Guerre froide, alors que celle-ci était terminée, ils nous ont coûté très cher et continuent de le faire. Enfin, nous n'avons pas pris les mesures de restructuration qui s'imposaient pour formater le volume de nos forces aux besoins réels. Autant d'erreurs qu'il faut rattraper.

La loi de programmation pour 2002-2007 s'y est attelée et, monsieur le ministre, vous poursuivez cet effort avec courage. En effet, vous amplifiez le mouvement en proposant une organisation qui nous paraît aussi cohérente que sérieuse.

Au plan humain, on note la diminution du volume de nos forces de 271 000 à 225 000 personnels. On ne saurait le réduire davantage et il convient de mettre en oeuvre une ambitieuse politique de mobilisation des réserves afin de pouvoir remonter en puissance, le cas échéant.

Pour les matériels, on saluera tout particulièrement les commandes de près de 500 VBCI, le choix prudent de conserver quelques hélicoptères Gazelle, compte tenu d'un coût horaire de vol huit fois inférieur à celui du Tigre, la décision conséquente de mettre sous cocon un quart des Tigre, la rénovation des Mirage 2000D permettant une économie sur le Rafale, et la recherche de solutions innovantes comme l'arrêt des SNA un an avant les IPER.

Il reste à réduire les coûts de fonctionnement et de maintien en condition opérationnelle. Pour cela, il convient que le ministère de la défense s'engage résolument vers des programmations intégrant le coût global des matériels sur la totalité de leur durée de vie. L'industrie de la défense doit également y contribuer.

Du point de vue financier, je salue l'engagement à hauteur de 377 milliards d'euros sur douze ans, dont près de 185 milliards pour la période 2009-2014. La clé de la réussite est là. Il est impératif de prévoir des budgets annuels en conformité avec la loi de programmation que nous allons voter. De plus, les restructurations de la défense doivent se réaliser dans les termes prévus, afin que les sommes économisées puissent être réaffectées aux besoins opérationnels des forces.

Vous l'avez compris, monsieur le ministre, le groupe UMP juge votre projet sérieux, cohérent et volontaire. C'est la raison pour laquelle il le votera avec satisfaction, sachant qu'il n'existe aucune alternative crédible.

Permettez-moi de terminer par ce qui est peut-être l'essentiel et que Thucydide résumait en disant que « le moral des forces vaut plus que l'épaisseur des murailles ». La France porte en elle une grande et belle tradition militaire qu'il faut préserver. À l'heure où ses forces sont engagées un peu partout dans le monde, notamment en Afghanistan, nous tenons à leur dire qu'elles ont l'estime, la reconnaissance et le soutien de la nation tout entière. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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