Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas entendu parler de Nicolas Sarkozy. Il est vrai qu'il a prononcé un discours particulièrement démagogique et agressif. Il est d'autant plus démagogique et agressif qu'il ne fait rien contre ses amis, ceux qui nous ont mis dans la situation où nous sommes.
Ces derniers temps, on a beaucoup parlé de Renault. Vous énoncez des sophismes sur le ton de l'évidence, monsieur le ministre, et votre habileté vous sert, mais vous savez au fond que ce que vous dites est faux.
Ainsi, Carlos Ghosn prétend que le taux de marge de son entreprise est de 6 %. Savez-vous qu'il refuse à ses collaborateurs tout dossier n'atteignant pas ce seuil ? Et pendant ce temps-là, les actionnaires réclament 9 % de marge ! Or, ce que les actionnaires touchent en sus du taux de marge – si tant est que cela soit légitime – est autant de moins que l'entreprise consacre à l'investissement et à la rémunération du travail. Hélas, l'expérience montre que la nuisance provoquée par cette logique d'actionnaires est décuplée par l'activité de M. Ghosn, puisqu'il supprime 4 500 emplois. Outre le coût intrinsèque de ces départs, une partie des personnes concernées ne retrouvera pas de travail avant longtemps. Qui va donc payer ? Nous tous ! Nous tous, c'est-à-dire l'ensemble des Français, car vous avez, monsieur le ministre, largement beurré la tartine de M. Ghosn ! Et pourtant, vous osez vous indigner d'une crise financière « sans précédent depuis la Libération ».
Tâchons donc d'éclairer le public qui nous regarde en tribune comme à l'écran, afin qu'il comprenne où vont vos amitiés, voire vos passions aveugles : vous avez les yeux de Chimène pour tous ceux dont la vie entière tourne autour de la Bourse !
(L'amendement n° 166 n'est pas adopté.)