Je vous rassure, monsieur le ministre : j'ai ici deux documents que je vais citer. Faites comme moi : les documents sont plus sûrs que les scientifiques qui vous entourent !
Dans le contexte actuel de crise du capitalisme et d'explosion du chômage, voter un budget qui prévoit une baisse de 620 millions d'euros est tout simplement impossible. Je l'ai dit en commission élargie : depuis trente ans que je siège sur ces bancs, je n'ai jamais vu un budget de l'emploi aussi désastreux dans une situation comparable. La baisse programmée pour les années à venir atteint 11 %. Quel réalisme ! Quel volontarisme ! Quel choix !
Les caisses de l'État, prétendument vides – à tel point que le budget travail et emploi subit une saignée –, se remplissent soudain de milliards d'euros pour sauver les financiers. Les ministères de Xavier Bertrand et de Christine Lagarde voient leur personnel augmenter ; pas le vôtre, monsieur Woerth, mais vous les avez laissés faire. La ministre de l'économie recrute ainsi soixante-six nouveaux collaborateurs – indispensables, puisque cela va mal ! – et le ministre du travail trente-six. Ils n'ont aucune difficulté à créer de l'emploi et à trouver des fonds pour enrichir leurs effectifs, alors que les chômeurs restent au chômage, qu'ils sont même stigmatisés, et que l'État fait des économies sur leur dos.
Pour justifier cette baisse drastique des crédits, les services des ministères évoquent dans le document initial la fin des contrats aidés, que M. Sarkozy vient de décider de les surmultiplier. Quelle intelligence ! Quelle créativité ! Les 100 000 nouveaux contrats aidés ne figurent même pas dans les documents budgétaires. Voilà que le président Sarkozy, qui disait pis que pendre de ces contrats, s'abaisse à reprendre une formule éprouvée, souvent mal utilisée, et à laquelle il semblait n'accorder aucune valeur.
Quand on s'abaisse à ce point, cela veut dire qu'on va mal, que l'on ne dirige rien et que l'on n'invente rien ! De fait, on voit bien que ce budget repose sur des hypothèses largement caduques, d'autant que les prévisions de croissance et d'inflation sont réduites à néant par la crise et par le nombre de chômeurs supplémentaires ces derniers mois – plus de 40 000.
Mais la crise n'explique pas tout. Ainsi, en Picardie, région que M. Woerth connaît bien, les chiffres montrent que le chômage a augmenté et que l'emploi salarié a encore reculé. Le département du ministre lui-même est concerné, mais il ne doit pas le savoir, car il est manifestement trop souvent à Paris ! Ainsi, chez Goodyear, Dunlop, Whirlpool ou Valeo, à Creil ou à Montataire – moins à Chantilly, il est vrai…