Je profiterai de la présentation de cet amendement pour dire quelques mots au sujet de notre politique étrangère.
Monsieur le ministre, les affaires étrangères ont perdu mille postes de catégorie A en une dizaine d'années, et cette perte quantitative ne peut manquer de poser un problème qualitatif, la scène internationale étant dans l'état que nous connaissons.
En outre, même s'il existait jadis une distinction entre ambassades et légations, il faut être extrêmement prudent quant à la répartition de nos ambassades en trois catégories. Un tel classement ne doit surtout pas être publié au Journal officiel. Cela ne signifie pas qu'il ne soit possible de mieux équilibrer le personnel entre certaines ambassades : les remarques du Président de la République, relevant que telle ambassade en Afrique compte plusieurs centaines d'employés alors qu'il faudrait bien davantage de personnel en Asie, me paraissent fondées.
En ce qui concerne la méthode, il faut se garder de rendre illisible notre action. Le multilatéral est nécessaire, mais nous savons très bien que ce sont des stratégies d'influence qui sont à l'oeuvre : avec ses gros sabots, la diplomatie américaine fait valoir ses intérêts, les diplomaties anglaise et allemande également. Nous devons donc privilégier l'action bilatérale pour que nos intérêts soient visibles.
La présidence française de l'Union européenne est un succès, parce que c'est la France qui s'exprime ; la France prend en toute indépendance des initiatives qui entraînent les autres États à sa suite. Plus la France est indépendante, plus l'Europe l'est également, et moins la France est indépendante, plus l'Europe est américaine. Nous avons pu le voir avec la crise géorgienne, dans laquelle les Américains ont joué les apprentis sorciers en menant une politique aventureuse, ainsi que dans la crise financière, où c'est Paris qui a mobilisé ses partenaires.
C'est pourquoi je regrette que l'Union pour la Méditerranée soit désormais engrenée dans la procédure communautaire. C'est l'échec assuré : on ne conduit pas une politique méditerranéenne à quarante-sept ! Il eût fallu que cette Union fût sui generis, ce dont nos petits camarades allemands n'ont pas voulu. C'est regrettable, et je le dénonce.
Quant à la volonté française de rejoindre l'OTAN, il s'agit d'une faute diplomatique, car nous n'y avons aucun intérêt, ni sur le plan de la coopération militaire, qui a déjà lieu sans que nous intégrions cette organisation, ni sur le plan diplomatique, à un moment où les États-Unis n'ont guère une bonne image dans le monde – M. Obama n'y pourra sans doute pas changer grand-chose. L'OTAN est une machine politique américaine en Europe, et nous ne savons même pas ce qu'elle sera demain : la Géorgie, l'Ukraine en feront-elles partie ? Ce choix est extrêmement dangereux.
La France doit garder son indépendance dans la conduite de sa politique étrangère. C'est pourquoi je vous propose d'abonder de 10 millions d'euros supplémentaires l'action culturelle française à l'étranger, en diminuant d'autant les frais de scolarisation des enfants expatriés, car nous savons que les entreprises françaises payent pour cela et que tout fonctionne très bien ainsi.