L'entreprise Merlin Gérin, qui appartient au groupe Schneider, est spécialisée dans la production de disjoncteurs. Elle emploie aujourd'hui 467 salariés et rapporte au groupe plus de 77 millions d'euros par an. La direction générale a annoncé, au mois de juin, la suppression de 105 emplois sur le site d'Alès, soit près de 20 % des effectifs. Or le groupe de matériel électrique dégage d'énormes bénéfices : 1,6 milliard d'euros net en 2007, soit une augmentation de 23 % par rapport à l'année précédente. Il vient aussi d'annoncer une hausse de 6,6 % de son chiffre d'affaires en 2008, alors qu'il tablait sur une hausse de 5,5 % ; la marge opérationnelle s'établit à 15 % du chiffre d'affaires.
Voilà donc un groupe qui prospère ; et pourtant, il délocalise pour maintenir un taux de distribution de 50 % aux actionnaires. M. Jean-Pascal Tricoire, président directeur général de Schneider, a fait la déclaration suivante dans Le Monde daté du 29 janvier dernier : « Notre modèle nous permet à la fois de distribuer et de continuer d'investir, ce qui est notre volonté. Résultat : peu à peu, Schneider réduit les capacités de production des salariés du site d'Alès. La préparation métallique, l'assemblage et une partie de la finition des disjoncteurs sont désormais réalisés par une entreprise bulgare, qui elle-même sous-traite. Aujourd'hui, le coût de sortie d'usine à MG Alès est d'un euro, pour un prix à la vente de 15 euros. En produisant en Bulgarie, le groupe entend simplement accroître encore ses marges, déjà énormes. À Toulon, le Président de la République s'est élevé contre les entreprises qui utiliseraient la crise ambiante pour justifier les réductions d'effectifs.
La suppression de 105 emplois sur le site d'Alès serait, pour l'ensemble du secteur, un cataclysme social et économique. En effet, Alès, ancien bassin minier, a déjà perdu l'entreprise Jallatte, les pianos Pleyel ; aujourd'hui, l'entreprise Bonny qui emploie 55 salariés est placée en redressement judiciaire, et un plan social y prévoit la suppression de 25 emplois. Là encore, la crise n'y est pour rien : le groupe concurrent qui l'a absorbée lui a coupé les vivres pour s'en débarrasser. À quand la fin de l'hémorragie ? À quand la fin de ces licenciements prétextes ? La crise a bon dos. Il ne s'agit pas du secteur automobile ou immobilier : MG Alès fabrique des disjoncteurs et Bonny conditionne de la volaille !
Le 4 décembre dernier, dans son plan de relance anti-crise, le Président de la République s'est posé en défenseur d'une industrie française menacée par les « prédateurs » et les délocalisateurs. En conséquence, monsieur le secrétaire d'État, je vous demande instamment quelles dispositions vous entendez prendre pour sauver les emplois de Merlin Gérin à Alès et faire un exemple qui irait dans le sens des propos tenus par le chef de l'État.