Monsieur le secrétaire d'État chargé du commerce, de l'artisanat, des petites et moyennes entreprises, du tourisme et des services, les salariés de la fonderie d'aluminium Saint-Jean Industries Lyon – ex Duranton – ont repris le travail hier. Ils luttent pour que le tribunal de commerce ne décide pas la liquidation.
Ce groupe est un équipementier pour les automobiles, les poids lourds, les cars et les bus ; 108 emplois sont concernés. C'est l'un des leaders mondiaux dans le secteur des pièces en aluminium. Son principal client, Renault Trucks, qui représente 60 % de son chiffre d'affaires, a décidé de se fournir en Inde, ce qui aurait pour conséquence la liquidation du site de Vénissieux et la délocalisation de la production restante en Croatie.
Ce dossier est emblématique des menaces qui pèsent sur l'industrie française et sur l'automobile en particulier. Depuis vingt cinq ans, on nous vante les mérites du libre échange généralisé, du marché mondial et de la concurrence. Il faut complètement revoir ce modèle.
Qui peut croire que les économies ont une chance de se développer sur la base d'un appauvrissement de la rémunération du travail ? Ce sont ainsi les débouchés de nos productions que l'on tarit. Bref, il faut y mettre le holà et changer de logique, organiser la reconquête industrielle et, comme on l'a annoncé, la relance économique du pays.
Dans le cas de Saint-Jean Industries Lyon, le Gouvernement est-il prêt à intervenir auprès des principaux donneurs d'ordres, en particulier Renault Trucks, pour que soit annulé le projet de délocalisation de la production aujourd'hui assurée à Vénissieux ? M. Fillon a annoncé 5 à 6 milliards d'euros pour l'industrie automobile. Comment envisager un tel soutien sans contreparties clairement définies et contractualisées ?
Comme je l'ai indiqué hier au Premier ministre, qui se déplaçait à Lyon, il faut maintenir l'activité et prévoir une période d'observation de six mois avant toute décision concernant l'entreprise.
De manière plus globale, il serait urgent de prendre des mesures contre les délocalisations. On pourrait mobiliser les grands décideurs économiques – Renault et Peugeot en particulier – afin de relocaliser des activités de sous-traitance. Cela suppose un système dissuasif, auquel j'ai commencé à réfléchir avec le préfet de région, et qui pourrait mobiliser le Fonds stratégique d'investissement. Le secteur de la sous-traitance a en effet bien besoin d'être modernisé ; il nous faut créer des emplois productifs en France, et peut-être, dans le cas présent, concevoir des produits en aluminium compétitifs.
J'aimerais savoir si le Gouvernement a l'intention de mettre en oeuvre ces idées étroitement liées à l'actualité, qui visent à empêcher les délocalisations et à favoriser les relocalisations, afin d'assurer le renouveau de la sous-traitance dont la France a besoin.