…qui nous permettra de sortir un peu du prisme hexagonal : je vais vous parler de l'école outre-mer. Dieu sait qu'il y a beaucoup de choses à dire ! En deux minutes, je me bornerai à évoquer l'échec scolaire outre-mer, plus particulièrement à la Martinique.
La situation est grave, et elle se dégrade faute de moyens adaptés au contexte insulaire, sociologique et socio-économique : il y a trois fois plus de RMIstes dans les DOM qu'en métropole, et le chômage y est trois fois plus important – 24 % dans l'ensemble de l'outre-mer contre 8,2 % ici. L'école, qui demeure l'instrument de l'émancipation de nos peuples et a formé tant d'illustres Antillo-Guyanais dont l'action honore nos pays comme la France hexagonale – je pense, entre autres, au grand poète Aimé Césaire, demeuré durant cinquante ans sur les bancs de cet hémicycle, à Gaston Monnerville, ancien président du Sénat, ou à Saint-John Perse –, cette école est aujourd'hui mise à mal.
Monsieur le ministre, à l'écoute de votre discours, je ne doute pas de votre bonne volonté de combattre l'échec scolaire ; mais en avez-vous les moyens ?
Nous déplorons, tout d'abord, l'absence d'ambition du Gouvernement, qui conduit inévitablement à toutes sortes de dérives sociales, à des situations d'exclusion aggravée et à une inquiétante montée de la violence dans nos fragiles sociétés insulaires.
Nous déplorons en outre, en Martinique, des suppressions mécaniques de postes au cours de ces dernières années : 150 postes d'enseignants et des dizaines d'emplois d'aides éducateurs, y compris dans les établissements classés en ZEP. Et ce au moment même où l'académie souhaitait améliorer le niveau et obtenir des résultats conformes à la moyenne nationale. De telles décisions ne peuvent que contribuer à aggraver les inégalités.
Le Président de la République ne cesse de rappeler qu'il souhaite une fonction publique moins nombreuse, mieux payée et disposant de meilleures perspectives de carrière. Cependant, la maîtrise de la dépense publique ne peut se faire au détriment de la réussite des élèves.
Par rapport à la France hexagonale, le retard de l'enseignement scolaire outre-mer est indéniable. En Martinique, le taux de réussite au bac est de six à dix points inférieur au taux national, et le nombre d'établissements situés en ZEP nettement supérieur à la moyenne. La conséquence sociale est sans appel : plus de 50 % des chômeurs ont moins de 26 ans et ne disposent que d'une formation de niveau V ou VI.