Dans la discussion générale, mes collègues Sandrine Mazetier, Yves Durand et Martine Martinel ont mis en évidence les conséquences désastreuses de la fin, depuis six ans, de la priorité donnée à l'éducation. Sylvia Pinel a évoqué l'enseignement agricole ; pour ma part, je voudrais insister sur les difficultés de l'enseignement professionnel.
Cette année, ce sont 5 % de postes en moins qui ont été ouverts au concours de professeur de lycée professionnel. À cette réduction de l'effectif d'enseignants s'ajoutent de nouvelles suppressions de filières et de sections qui confirment malheureusement le choix d'une baisse de l'offre de formation pour les niveaux V et IV – les CAP, les BEP et les bacs pro. La conséquence immédiate, c'est un renoncement dommageable à certains projets qui étaient prometteurs. Nous pensons que le gel du BEP services administratifs est incompréhensible et que la généralisation des bacs pro en trois ans risque de marginaliser les élèves les plus en difficulté.
L'inquiétude des personnels est d'autant plus forte qu'une récente note, adressée aux recteurs par le directeur de l'enseignement scolaire, M. Nembrini, invite à « optimiser l'offre de formation et donc les besoins de professeurs dans l'enseignement professionnel ». Je ne reviens pas sur ce que Patrick Roy a évoqué tout à l'heure, c'est-à-dire sur les conséquences concrètes de l'objectif général : la suppression de 11 200 postes. Mais une telle suppression, qui s'ajoute à la disparition progressive du corps des maîtres d'internat et surveillants d'externat, à la non-reconduction des postes d'aides éducateurs, à la baisse du nombre des personnels de service et à la pénurie d'assistantes sociales, d'infirmières ou de médecins scolaires, avouez que cela fait beaucoup pour pouvoir continuer de parler de façon cohérente d'équipes pédagogiques et de communauté éducative.
Les établissements scolaires ne sont pas coupés du reste de la société et des problèmes sociaux grandissants qui empêchent de plus en plus les enseignants de mener à bien leur mission. Cette politique délibérée de réduction de l'emploi public pèse sur la qualité du système scolaire. En ce qui concerne plus précisément la voie professionnelle, on ne peut pas laisser dire qu'il y aurait trop d'enseignants lorsque les parents constatent chaque jour la difficulté de remplacer les professeurs absents, lorsque des options et des sections sont supprimées, faute de moyens.
Monsieur le ministre, le service public de l'éducation ne peut pas faire mieux en dépensant moins, il doit tout simplement faire mieux ! Cet investissement sur l'avenir est la garantie de jeunes mieux formés et de citoyens responsables, et l'enseignement professionnel doit y prendre toute sa part. Mais il ne pourra participer à la formation des collégiens et des lycéens que s'il en a les moyens. Les personnels et les parents des élèves inscrits dans ces filières professionnelles souhaitent donc savoir si vous accordez encore, dans le service public d'éducation, beaucoup de poids et de prix à la voie professionnelle, et quelles sont vos intentions en la matière.