Monsieur le député, je vais vous faire une réponse de principe puisque, comme je le rappelais dans mon intervention, j'ai signé avec les syndicats représentant les personnels du premier degré un accord pour examiner dans les trois mois à venir comment mettre en place les deux heures de soutien destinées aux élèves en plus grande difficulté. Nous nous rencontrons pour la première fois le 22 novembre. Nous tiendrons compte des objections qui ont été faites pour que le système bénéficie vraiment à ceux qui en ont le plus besoin.
Cependant, on voit bien quelles orientations nous pouvons prendre pour lutter contre l'échec scolaire du premier degré.
D'abord, nous nous sommes fixé un objectif chiffré : le diviser par trois en cinq ans. Dans cinq ans, nous aurons des comptes à rendre aux électeurs. Si nous n'avons pas atteint notre objectif, on nous dira que nous avons menti et nous devrons nous justifier devant eux.
Cela dit, il faut évidemment revenir sur le contenu des enseignements. Ce qui est fondamental, c'est la langue. Personne ne pourra éduquer un enfant qui n'a pas la maîtrise du langage. Mais aujourd'hui, parler un langage châtié est parfois dévalorisant. Dans certains quartiers, ceux qui parlent bien se font traiter de « bouffons » par leurs petits camarades. Nous devons donc revaloriser la langue, à la fois comme moyen d'apprendre et comme moyen d'être reconnu par ses pairs.
Il faut évaluer les élèves, je l'ai dit. Nous allons remplacer les lourdes évaluations nationales par des évaluations beaucoup plus lisibles, qui seront communiquées aux familles.
Il faut également évaluer les enseignants, ou plutôt les résultats. Je le répète, je fais confiance aux enseignants. Je ne crois pas que l'inspection individuelle telle qu'elle est pratiquée aujourd'hui par quelqu'un qui passe de temps en temps au fond d'une classe en demandant à l'enseignant de faire le singe savant soit le bon système.Il faut évaluer ce qu'un enseignant obtient de sa classe, en le laissant libre des moyens qu'il considère devoir mettre en oeuvre pour y arriver. Ce sont les progrès des élèves qu'il convient de considérer.
Il faudra réfléchir aux missions de l'école maternelle. Cette question, qui a été abordée par plusieurs orateurs, est une question compliquée qui mérite que nous y travaillions.
La mise en place de deux heures d'accompagnement éducatif permettra également de lutter contre l'échec scolaire. Deux heures par semaine, c'est beaucoup. Cela représente 590 000 heures hebdomadaires de cours en très petits effectifs, assurées par les enseignants qui sont devant les classes. Du point de vue de l'emploi, cela représente plus de 20 000 équivalents temps plein au service de la réussite scolaire. Ce sont quand même des chiffres élevés ! Les stages de remise à niveau durant les congés scolaires compléteront ce dispositif.
J'ai également demandé aux syndicats de réfléchir avec nous à la mise en place, dans les zones de grande difficulté scolaire, du dispositif « plus de maîtres que de classes », qui aura lui aussi vocation à répondre à ce problème.
Il faut mettre le paquet sur l'école primaire et, à l'école primaire, sur ceux qui sont le plus en souffrance !