C'est vrai, mais nous devons aussi réfléchir à la manière de redonner aux professeurs la place qu'ils n'auraient jamais dû quitter au sein de la société. Ils doivent retrouver leur prestige, être mieux respectés, mais aussi accompagnés. Il faut faire en sorte que le début de la carrière, souvent très dur, se passe dans de bonnes conditions, que les reconversions soient facilitées. Sur tous ces sujets, nous plaçons de grands espoirs dans les travaux de la commission Pochard, qui devrait remettre ses conclusions à la fin du mois de décembre. Ce rapport sera la base d'une discussion soutenue avec les personnels du second degré, et peut-être d'un accord formalisé. Ne soyons pas plus maximalistes que les représentants des personnels, qui s'accordent à trouver que nous travaillons à améliorer la condition des enseignants. Au total, ce sont près de 370 millions d'euros qui sont redistribués aux agents de l'éducation nationale.
Mesdames, messieurs les députés, on ne peut pas, dans une présentation budgétaire, faire le tour de toute l'école et dévoiler toutes ses intentions. L'école que je veux pour la France n'est pas celle qui se calculera à partir de la finance publique, mais celle qui se construira au bénéfice des élèves dans le respect des enseignants.
J'ai la ferme conviction que la rentrée prochaine permettra d'accomplir un pas décisif dans la voie qui doit nous mener vers une plus grande ouverture, vers l'égalité et la réussite, en particulier dans le premier degré.
Nous ouvrirons également, au cours de l'année 2008, une réflexion sur le lycée, notamment pour que le mois de juin ne soit plus un « désert » scolaire. Je ne sais pas pourquoi les cours s'arrêtent fin mai ou début juin, ce qui fait perdre chaque année aux élèves un mois d'école, donc une année scolaire de la sixième à la terminale ! Une expérimentation sera menée à ce sujet dans quatre académies. Il faut reconquérir le mois de juin !
Nous réfléchirons également ensemble – mais ce travail de longue haleine est très compliqué – à une nouvelle organisation du lycée. Là non plus, je ne stigmatise personne, aucune filière ! Je n'ai fait que constater des situations inacceptables. La filière « L » disparaît. La filière « S », qui devrait former des scientifiques et des mathématiciens dont la France a grand besoin, alimente les classes préparatoires littéraires, les IEP et les écoles de commerce. La filière « ES » a beaucoup de mal à conserver son identité. Ce n'est faire de reproche à quiconque de souhaiter que les choses évoluent. Toute personne de bon sens sera de mon avis.
Selon vous, madame Martinel, j'aurais stigmatisé le collège unique. Que nenni ! Je ne l'ai jamais fait ! Comme vous l'avez vous-même relevé, j'ai simplement indiqué que le collège était unique dans ses ambitions. Reconnaissons qu'il est absolument nécessaire que tous les élèves puissent acquérir le même savoir et qu'il n'existe pas un savoir pour les uns et un savoir pour les autres. Le collège est unique dans son ambition de donner à tous le même socle de connaissances, mais pour parvenir à ce point d'orgue commun, il y a bien des méthodes, bien des classes et bien des itinéraires. Les progressions ne sont pas similaires. Dire cela, ce n'est faire preuve ni de sectarisme ni d'idéologie ! Je ne fais que constater ce que tout le monde sait.
Enfin, j'espère que, dès la rentrée prochaine, l'école primaire sera rénovée avec la mise en place de nouveaux programmes. Ce sera bien dès l'année prochaine, donc en septembre 2008, car rien n'est plus exaspérant pour les familles et les enseignants que des annonces successives sans efficacité immédiate. En 2008, l'école primaire sera donc recentrée sur ses objectifs. Nous nous serons réunis avec les enseignants pour trouver une méthode plus efficace, la journée scolaire sera réorganisée et deux heures supplémentaires seront consacrées aux élèves en grande difficulté. J'ai, en effet, pour ambition de diminuer par trois le nombre d'élèves qui rencontrent les plus grands échecs scolaires.
Je sais qu'il y a une opposition et une majorité et je sais qu'elles doivent débattre. Pour autant, je ne laisserai dire à personne que je suis devenu, à mon âge, ministre de l'éducation nationale pour faire de l'injustice sociale et pour enfoncer ceux qui ont le plus de besoins ! Que nous soyons de droite ou de gauche, nous sommes tous d'accord sur les objectifs, et nous savons – peut-être à des degrés de responsabilité différents – que nous ne pouvons pas simplement nous contenter de dire : « Ajoutons, ajoutons, ajoutons les yeux fermés sans rien voir, fonçons et tout sera réglé ! » Bien sûr que non ! N'ajoutons plus, mais réformons-nous, redressons-nous ! Je crois plus, pour ma part, à la grâce qu'à la pesanteur ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Nouveau Centre.)