On m'a reproché, je ne sais pourquoi, de ne pas m'occuper de l'éducation prioritaire. Voilà qui prouve le contraire !
Je ne comprends pas pourquoi l'on s'irrite ici contre ce dispositif : il répond à une demande, les professeurs l'estiment utile et les élèves l'adoptent volontiers. Nous avions pensé qu'un élève sur trois assisterait à ces formations. En réalité, ce sont deux élèves sur trois qui les suivent. M. Durand a certes évoqué une difficulté : il faut faire en sorte que ce dispositif profite d'abord aux élèves qui en ont le plus besoin. Et si ceux-ci ne sont pas volontaires, il faudra peut-être l'assortir d'une contrainte. Nous n'avons pas sous-estimé le coût de cette opération, que nous croyons décisive, puisque 140 millions d'euros y sont consacrés dans le PLF 2008, dont 120 millions inscrits à ce budget et 20 millions à celui du CNDS.
M. Durand nous a fait part de ses doutes en nous reprochant de vouloir faire travailler davantage des élèves dans des disciplines qu'ils n'aiment pas. C'est un peu, a-t-il dit, comme quelqu'un qui n'aime pas les lentilles et que vous resservez copieusement ! Ce n'est pas ce que nous faisons. Il ne s'agit pas seulement d'accompagnement aux devoirs ou de reprises de leçons ; des activités plus personnalisées, culturelles et sportives sont également proposées à ces jeunes, parfois livrés à eux-mêmes et qui n'ont pas envie de faire des heures d'étude supplémentaires à l'école. Ce détour leur permet de revenir ensuite aux enseignements fondamentaux.
Ce système, je le crois juste et utile. Toutes les études montrent l'importance considérable de la famille dans la réussite scolaire. Une célèbre statistique le prouve : la meilleure condition de réussite, pour un enfant, est d'avoir une maman qui a fait des études et s'occupe de lui. Or tout le monde n'a pas cela. L'accompagnement éducatif en fin de journée représentera un soutien pour tous les enfants qui en ont besoin.
Madame Mazetier, je ne suis nullement indifférent à l'éducation prioritaire, bien au contraire. Nous allons créer à la prochaine rentrée de nouveaux collèges « ambition réussite » et labelliser vingt-cinq lycées. Nous restons dans la logique des ZEP, mais sans le proclamer, et en privilégiant l'approche par établissement. Tout le monde sait en effet que ce type de zonage est stigmatisant et suscite des stratégies d'évitement. Dans une certaine mesure, même les enseignants peuvent en souffrir : être professeur en zone d'éducation prioritaire peut être vécu comme une forme de déclassement, alors qu'au contraire cette mission doit être valorisée. J'en parle donc avec discrétion, mais cela ne m'empêche pas d'y penser.
Les 140 millions d'euros que nous mettons à la disposition des enseignants permettront aussi de rémunérer des assistants pédagogiques et de soutenir les associations qui participeront aux études surveillées. Ce dispositif, je le répète, est un véritable succès, à tel point que j'ai été obligé d'ajouter en catastrophe 3,4 millions d'euros pour finir l'année 2007.
En ce qui concerne le samedi matin, la décision est loin d'avoir été prise de manière unilatérale. C'est si peu le cas que j'ai signé, la semaine dernière, un accord avec tous les syndicats du premier degré afin que nous réfléchissions ensemble à l'utilisation de ces heures. Ils ont même accepté un texte d'orientation sur la manière de faire progresser l'école primaire, ce à quoi nous travaillons avec sérénité. Je ne cherche ni à contourner qui que ce soit, ni à imposer des mesures. Mon seul objectif, c'est l'efficacité.
Les deux heures libérées vont permettre de proposer une aide vraiment personnalisée aux 15 % d'élèves en grande difficulté. On m'objecte que ces élèves sont très différents selon qu'ils habitent au centre de Paris, dans une zone difficile ou à Périgueux – je ne sais pourquoi on me cite toujours cette ville (Sourires)…