Vous renoncez ensuite à attaquer les inégalités de destin scolaire à la racine, c'est-à-dire à l'âge où l'on peut éviter qu'elles naissent et qu'elles se creusent.
Dans la droite ligne des budgets de vos prédécesseurs, la scolarisation à deux ans est en chute libre : de 35 % en 2000-2001, elle n'était plus que de 24 % en 2005-2006. Et le budget pour 2008 n'inverse en rien la tendance, en dépit du rapport du groupe d'étude sur la maternelle que vous avez vous-même créé et qui préconise « d'assurer en priorité la scolarisation des moins de trois ans dans les secteurs situés dans un environnement social défavorisé. »
En outre, si vous vouliez corriger concrètement les inégalités de destin là où elles se trouvent, vous ne feriez pas l'impasse sur l'éducation prioritaire.
Vous affichez, monsieur le ministre, une louable intention – la maîtrise de la langue française par tous les élèves – et vous faites le pari de diviser par trois le nombre d'élèves en grave difficulté à l'issue du primaire. Vous présentez habilement la suppression de l'école pour tous le samedi comme une forme de redistribution des heures d'enseignement en indiquant que les heures libérées bénéficieront aux 15 % d'élèves en difficulté. Ça ne trompe que Benoist Apparu. D'ailleurs, vous reconnaissez vous-même que ce taux est abstrait et qu'il ne se répartit pas de manière égale dans toutes les classes et les établissements.