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Intervention de Yves Cochet

Réunion du 10 juin 2009 à 21h30
Grenelle de l'environnement — Article 4, amendement 317

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Cochet :

Cet amendement n° 317 et le suivant me paraissent assez importants pour les raisons que je vais expliquer.

Il s'agit évidemment d'éviter d'introduire une modulation s'apparentant à une prime au chauffage électrique, qui, contrairement à ce que l'on croit, tend davantage à faire croître les émissions de gaz à effet de serre, si l'on considère la structure de production de l'électricité en France.

Je m'appuierai, pour étayer mon propos, sur un document diffusé en octobre 2007 par RTE et l'ADEME. Cette note de quelques pages est relative au calcul du contenu en CO2 du kilowattheure électrique et compare les avantages du contenu marginal et du contenu par usage sur une base historique. Un petit tableau, situé au milieu de la première page de ladite note, indique que l'électricité est produite à environ à 80 % en base par du nucléaire dans les régions tempérées tant qu'il n'y a pas d'appels de pointe. Il en va de même en été, puisqu'il est très difficile d'arrêter les centrales. On fait la promotion de la climatisation, ce qui est une aberration, mais il faut bien faire tourner les centrales ! Toutefois, dans les cinq, huit ou dix jours les plus froids de l'année, que se passe-t-il quand il y a beaucoup de chauffage électrique, comme c'est le cas en France ? Ce n'est alors pas du tout le nucléaire qui produit l'électricité, notamment vers dix-neuf heures quand les gens rentrent chez eux et qu'ils poussent les convecteurs. Le contenu en CO2du chauffage électrique explose. Dans la note de l'ADEME et de RTE, il est précisé que, pour les usages en « base », le contenu de l'électricité est à peu près de quarante grammes de CO2par kilowattheure, il est de soixante grammes pour les usages intermittents, de cent grammes pour l'usage de l'éclairage – le matin et le soir, notamment en hiver, où le jour est plus court – enfin, il est de 180 grammes de CO2par kilowattheure pour le chauffage. Ce que l'on appelle la monotone de charge – la monotone d'appel de l'électricité – n'est absolument pas assurée par le nucléaire pendant les dix jours les plus froids de l'année, mais par des centrales à flammes : charbon, gaz, pétrole. S'il reste peu de pétrole, il y encore beaucoup de charbon : c'est l'exemple de la grosse centrale – de 3 000 voire 3 500 mégawatts – de Cordemais dans l'estuaire de la Loire. Notre objectif est donc de lutter contre le chauffage électrique, qui est non seulement une bêtise sociale, économique et écologique, mais également une aberration thermodynamique. Nous demandons donc d'ôter la modulation pour ne pas avantager le gang des grille-pain ! (Sourires.)

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