Madame la présidente, monsieur le ministre d'Etat, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, le président Ollier n'est pas encore parmi nous, mais je tenais à le saluer, lui et le rapporteur, pour leur sensibilité et leur connaissance de la Guyane, comme des autres territoires de l'outre-mer.
Je m'adresse à vous, madame la secrétaire d'État, puisque cette loi est votre loi, même si vous avez un ministre d'État au-dessus de vous.
Votre loi me laisse perplexe, je l'avoue. Je m'attendais à quelque chose de beaucoup plus intense, étant donné ce qu'ont été les conclusions des rencontres du Grenelle et l'implication qui a été la vôtre.
Néanmoins, il semblerait qu'à travers différents amendements, chacun arrive malgré tout à apporter sa pierre à l'édifice. J'espère que, d'ici à la fin de nos travaux, je serai rassurée quant à votre volonté de faire de ce texte une réponse aux attentes des acteurs qui ont participé au Grenelle.
Un deuxième élément me laisse perplexe : c'est le fait que, une fois de plus, c'est à la fin de ce texte de loi qu'apparaît l'article consacré à l'outre-mer. Certes, je remercie la commission d'avoir demandé la réserve sur les articles qui précèdent, afin que nous puissions débattre dès ce soir de cet article 49. Il serait cependant peut-être bon qu'un jour, puisque l'on ne cesse de dire que l'outre-mer représente beaucoup dans la biodiversité, nous rendions à César ce qui appartient à César en parlant d'abord des outre-mer. Pourquoi pas, puisque les chiffres, tout le monde les connaît ? Serait-il choquant qu'un jour, dans cet hémicycle, on puisse affirmer, décliner le rôle que joue l'outre-mer – et non pas celui qu'il serait appelé à jouer – dans la biodiversité française, européenne et mondiale ?
Je sais, madame, la secrétaire d'État, que, avec vous, nous y arriverons peut-être un jour. Le Président de la République a tenu, à Camopi, un discours très volontariste, avec beaucoup d'envolées. Vous étiez présente, et avez pu ressentir, un petit peu, ce qu'était la Guyane. Je vous fais donc confiance pour être un peu plus sensible à ce qui peut être dit sur l'outre-mer.
Je reste convaincue que la Guyane, avec sa biodiversité exceptionnelle, son écosystème unique – l'un des plus riches du monde, même s'il est aussi l'un des plus fragiles –, et ses 7 millions d'hectares de forêt équatoriale, ne peut concevoir son avenir que dans une démarche de développement durable.
Cela implique d'abord la préservation de son patrimoine inestimable menacé prioritairement par l'orpaillage illégal. Là aussi, le Président de la République a pris des engagements avec le plan HARPIE, mais le dispositif s'est arrêté au bout de quatre mois, car les moyens financiers n'accompagnaient pas la volonté politique. Je plaide encore une fois pour qu'il y ait cohérence entre les discours et les actes en Guyane pour la biodiversité. Vous connaissez l'impact désastreux de l'orpaillage illégal, non seulement sur les communautés amérindiennes, mais également sur la forêt et les cours d'eau.
Le développement durable, dont les trois piliers ont été rappelés tout à l'heure, implique une valorisation de ce patrimoine pour aller vers une croissance verte, car la Guyane ne peut accepter de devenir une vaste réserve naturelle.
M. Chassaigne a indiqué que son livre de chevet était, comme beaucoup d'entre nous, le discours du Président de la République de 2007, suite au Grenelle. À Camopi, il disait : « Ce serait une caution écologique pour se donner bonne conscience La Guyane doit aussi pouvoir se développer et s'ouvrir aux marchés qui l'entourent… ».
Cela est d'autant plus indispensable qu'une étude conjointe de l'IEDOM, de l'INSEE et de l'AFD, publiée en juin 2008, souligne que ce territoire est confronté à un véritable décrochage de ses indicateurs socio-économiques. Sur l'indice de développement humain, elle se place au quarante-troisième rang mondial. Elle est immanquablement la dernière région française. Un Guyanais sur quatre vit sous le seuil de pauvreté. Je pourrais multiplier les exemples, mais ce n'est pas nécessaire.
Madame la secrétaire d'État, l'urgence écologique existe, et elle se conjugue avec l'urgence sociale et économique. Pour cette raison, la révolution écologique est indissociable de l'épanouissement de l'homme et le modèle de développement durable auquel j'aspire pour le territoire et la population devrait nécessairement concilier le respect de l'environnement et le progrès social et économique.
Enfin, comme M. Letchimy, je tiens à remercier les membres de la commission et nos collègues présents dans l'hémicycle d'avoir adopté l'amendement n° 46 rectifié à l'article 1er. Il permettra une gouvernance locale adaptée au développement durable J'espère que la sagesse qui a présidé à l'adoption de cet amendement perdurera lors de l'examen des amendements que j'ai déposés à l'article 49. (« Très bien ! » sur divers bancs des groupes SRC et UMP.)