Ma question, à laquelle j'associe mes collègues Le Bouillonnec et Jibrayel, s'adresse à Mme la ministre du logement.
Alors que nous rendrons hommage à l'abbé Pierre dans quelques jours, près de trois cents personnes sont encore mortes dans la rue en 2008. Quand l'hiver revient, ces événements font la une des journaux, l'urgence est à nouveau d'actualité et le Gouvernement empile des tas de dispositifs d'accueil, des plans et autres schémas qui ne résolvent rien.
En décembre 2006, à Charleville-Mézières, Nicolas Sarkozy faisait la promesse – une de plus – que, « d'ici à deux ans, plus personne ne serait obligé de dormir sur le trottoir et d'y mourir de froid ». (« Eh oui ! » sur les bancs du groupe SRC.) Devant la représentation nationale, vous annoncez vouloir lancer une étude – une de plus –, de façon à examiner l'opportunité de l'hébergement obligatoire des sans-abri lorsqu'il fait moins de 6°.
Vouloir forcer les sans-abri à se rendre dans un centre d'hébergement d'urgence est une atteinte à la liberté qui démontre, une fois de plus, votre incapacité à lutter contre la précarité et la marginalisation. Veillez plutôt à la sécurité des sans-abri, laquelle n'est pas assurée ; protégez leur intimité, qui n'est pas respectée !
Pire, vous souhaitez à présent les ficher, ce qui implique un contrôle supplémentaire pour une population déjà fragile. La crise de l'hébergement, vous le savez, est avant tout celle du logement. L'objectif de créer 15 000 places supplémentaires peut constituer une première étape, si elle est menée à bien et pour peu qu'elle ne se limite pas à l'hébergement d'urgence en raison du froid.
Des dispositifs existent ; il suffit de les faire appliquer. Faites appliquer l'article 4 de la loi DALO, adopté à l'initiative des socialistes, sur le droit au maintien des personnes en hébergement (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et sur plusieurs bancs du groupe GDR) ; faites appliquer, au lieu de vouloir le supprimer, l'article 55 de la loi SRU ; consacrez les moyens nécessaires à la construction de logements très sociaux, au lieu de réduire de 36 % les crédits pour la création ou la réhabilitation. (Mêmes mouvements.)
Plutôt que de traiter exclusivement l'urgence sociale en hiver, que comptez-vous faire concrètement et durablement, madame la ministre, pour tenir enfin l'engagement du Président de la République ? (Mêmes mouvements.)