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Intervention de Hervé Féron

Réunion du 19 septembre 2007 à 15h00
Maîtrise de l'immigration intégration et asile — Article 5

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHervé Féron :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, du contrôle des connaissances aux tests ADN, c'est un grand malaise que suscite ce projet de loi dans sa globalité, après d'autres lois discriminantes, qui n'ont cessé de se succéder sans autre raison que de flatter les extrêmes et d'instrumentaliser l'électeur.

Vous aviez déjà inventé de soumettre à un véritable parcours du combattant des enfants qui ne demandent qu'à faire valoir leurs droits d'enfant, c'est-à-dire tout simplement rejoindre leur famille – on devrait plutôt parler d'un « parcours du combattu », qui passe dès seize ans par une évaluation des connaissances, appréciées de façon arbitraire. Connaître un peu, beaucoup, passionnément la langue française, bien réciter les valeurs de la République : autant d'épreuves pour organiser la sélection économique. Cela ne suffisait pas : voici qu'arrive le test ADN…

Je propose que vous utilisiez la culture et la langue françaises, que nous revendiquons, pour leur expliquer ce que vous leur proposez. Vous, les représentants de la République ; vous, les bons Français de pure souche, plus blancs que blancs, vous les beaux parleurs, vous les beaux penseurs, vous qui savez : enseignez-leur la langue française, la langue de Molière et de Hugo ! Enseignez-leur nos valeurs, celles que nous partageons sans toujours les mettre en pratique. Enseignez-leur donc la culture de ce pays qui les accueillera bras ouverts, après qu'ils auront satisfait aux contrôles de connaissance, suivi le stage de formation, subi le test ADN : mais que d'embûches pour un accueil !

Enseignez-leur Albert Einstein, le plus universel : « Le nationalisme est une maladie infantile, c'est la rougeole de l'humanité ». Enseignez-leur Malraux : « L'humanisme, ce n'est pas dire "ce que j'ai fait, aucun animal ne l'aurait fait", c'est dire "nous avons refusé ce que voulait en nous la bête" ». Enseignez-leur Jaurès : « Quel que soit l'être de chair et de sang qui vient à la vie, s'il a figure d'homme, il porte en lui le Droit Humain ». C'est bien de Droit Humain qu'il s'agit, car à travers ce projet de loi dans sa globalité, à travers l'article additionnel qui va suivre, c'est la convention internationale des droits de l'enfant qui est bafouée, ce sont les droits de la famille, c'est le Droit Humain qui est piétiné ! (Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)

Imprégnez-vous vous-même d'abord de cette culture française. J'aime mon pays, et j'aime la langue française quand elle est la langue de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, la langue qui porte qualité, honneur et humanisme, ces valeurs inscrites dans notre histoire par la plume de nos grands hommes.

Mes chers collègues, quelle que soit votre place sur ces bancs, vous ne pouvez pas voter cet article additionnel sans manquer à la dignité. Noël Mamère le disait nauséabond, et c'est vrai qu'il ne sent pas bon : il sent le dérapage malheureux. (Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)

Inutile de nier l'évidence, monsieur le ministre : le test ADN a pour but de ficher…

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