Faut-il le répéter ? Cette loi, monsieur le ministre, sera surtout dure pour les pauvres, car c'est le type d'immigration dont vous ne voulez pas. Vous dites en effet très clairement qu'ils auront le droit de vivre en famille à condition de gagner plus que de quoi se débrouiller. C'est une conception de la vie de famille que le groupe socialiste est loin de partager.
Exiger un revenu au moins égal au SMIC peut sembler raisonnable. C'est oublier que, très souvent, ces gens aident des personnes âgées ou gardent des enfants à domicile, font le ménage dans les bureaux ou travaillent dans les cafés, mais ni à temps complet ni « officiellement », pour s'assurer un complément de revenu. Ceux-là ne pourront donc pas vivre en famille.
Et quand bien même ils gagneraient le SMIC, cela ne serait encore pas suffisant. Vous exigez que l'étranger gagne plus et vive plus confortablement que le Français. Par conséquent, un simple SMIC n'est pas acceptable ; il faut qu'il gagne 1,2, 1,3 ou 1,5 SMIC ! Vous avez de bons rapports avec le patronat. Peut-être pourriez-vous lui suggérer d'attribuer une prime en fonction de la taille des familles. Nous ne serions pas contre et il y aurait une certaine cohérence. En tout cas, vous ne pouvez pas tirer argument de l'insuffisance des salaires pour empêcher les gens de vivre en famille.
Je partage tout à fait les propos de M. Mamère. Il est en effet très choquant que des gens ayant travaillé en France et qui, à la suite d'un accident du travail, sont devenus handicapés ou invalides – et ne perçoivent donc pas un SMIC complet –, se voient privés de leur famille, alors que c'est précisément leur état qui rend nécessaire la présence de leurs proches auprès d'eux. Les associations qui s'occupent du sida notamment s'inquiètent de ce que des personnes malades vivant avec des allocations ne peuvent pas être aidées par des membres de leur famille.
Pour toutes ces raisons, cet article est insupportable. Encore une fois, vous devriez vous interroger sur les conséquences des textes que vous proposez !