Enfin, les mesures qui touchent à l'urbanisme commercial ne me paraissent pas de nature à assurer la concurrence et donc la baisse des prix des produits. Aujourd'hui, ce n'est pas le développement de nouvelles grandes et moyennes surfaces, ni celui de hard discounts aux produits de qualité inférieure, qui peut améliorer le pouvoir d'achat, mais la mise en place d'une nouvelle carte de la distribution permettant à tous les Français de bénéficier, dans leur zone de chalandise, d'une concurrence effective.
Qu'est-ce qui empêche en effet aujourd'hui la grande distribution de baisser ses prix ? Rien, sinon son appétit pour les marges importantes dont elle peut bénéficier du fait de sa puissance d'achat, de l'atomisation des fournisseurs potentiels et du partage de l'hexagone auquel les différentes enseignes se sont livrées. Si, comme certains de ses hérauts cherchent à le faire croire, la grande distribution voulait redonner du pouvoir d'achat, elle disposerait à cette fin de tous les outils nécessaires, que ce soit dans le secteur alimentaire ou dans le secteur du bricolage. Qu'attend-elle ?
De plus, la multiplication des surfaces de vente me semble en totale contradiction avec la politique d'aménagement du territoire menée depuis plusieurs années en vue de sauvegarder dans nos communes des commerces de proximité, qui constituent autant de pôles d'animation et de vie alors même que les services publics tendent eux aussi à abandonner les zones rurales. Certes, pour le consommateur, cela a un coût mais, comme le dit une habitante de ma circonscription, il vaut mieux payer un peu plus cher et conserver nos commerces dans nos villages. Mettre fin à cette politique reviendrait à gaspiller les fonds publics qui ont été investis en vue de favoriser le maintien des commerces en zone rurale. C'est à mes yeux inacceptable et c'est pourquoi je suis opposé au développement des entreprises de la grande distribution dans nos petites communes.
Sans oublier l'impact néfaste que peut avoir l'installation d'une entreprise de la grande distribution sur le territoire d'une commune sur les entreprises artisanales qui y sont déjà implantées : peut-être cette installation fait-elle baisser légèrement les prix mais elle entraîne surtout la disparition des concurrents boulangers, bouchers ou libraires et des emplois correspondants, du fait que les obligations légales ne sont pas les mêmes. En effet, la convention professionnelle des boulangers ne s'applique pas à ceux qui font du pain dans les supermarchés ou celle des bouchers à ceux qui exercent dans une enseigne de la grande distribution.