Oui, je l'ai regretté, pas pour votre personne – je profiterai éventuellement d'une autre circonstance pour vous faire des aveux de cette nature ! (Rires) –, mais pour la contribution que vous auriez pu apporter à ces débats. En effet, les thématiques sont importantes, qu'il s'agisse de l'inventaire de la biodiversité, de la protection et de la gestion des ressources génétiques végétales et animales, des questions de transport dans des territoires enclavés, de la révision des normes de logement ou de la lutte contre l'orpaillage clandestin, en particulier en Guyane. Or nous n'avons pas vu l'empreinte de votre intervention interministérielle.
Cela a été la même chose pour l'éducation où l'on trouve des thématiques liées au multilinguisme et à la déscolarisation, d'où la nécessité de dispositifs particuliers. Vous semblez d'ailleurs vous en être rendu compte puisque vous avez créé, notamment en Guyane, une agence de vie scolaire. Les questions de formation sont particulières. Vous les résolvez essentiellement en abondant le fonds du service militaire adapté – le SMA –, ce qui n'est pas la seule possibilité de choix pour la jeunesse de Guyane.
S'agissant de la santé, toutes les questions liées aux pathologies infectieuses dues à la déforestation, aux maladies entropiques parce que toute la population n'a pas accès à l'eau potable, aux affections lourdes qui sont liées à l'utilisation du mercure, notamment dans l'orpaillage clandestin, sont des questions particulières aux outre-mer, notamment à la Guyane. Le dispositif de santé publique fait actuellement l'objet d'une réforme hospitalière avec l'adoption des SROS et, là aussi, il faudrait prendre des mesures particulières pour l'outre-mer, mais nous ne percevons pas votre empreinte, madame la ministre. Il nous faudrait une dérogation non pas sur le niveau d'exigence, qui doit être maintenu, mais sur les aménagements nécessaires En effet, certains secteurs hospitaliers extrêmement récents ne sont pas encore organisés, notamment pour le travail en commun.
Quant à l'énergie, 12 % de la population n'ont pas accès à l'électricité. Nous avons d'ailleurs adopté, dans le Grenelle, un amendement de principe pour assurer cet accès à l'électricité à tous les citoyens. Par ailleurs, 10 % de la population n'ont pas droit aux premiers secours. Concernant le logement, monsieur le secrétaire d'État, j'aimerais beaucoup savoir si l'information, qui ne nous a toujours pas été confirmée, selon laquelle des parcelles foncières seraient accessibles à la vente par Internet à l'initiative du Trésor public est exacte.
Nous avons vu les problématiques internes à chacun des outre-mer, celles qui sont transversales à l'ensemble des outre-mer, mais il y a aussi celles qui sont régionales au sens de leur insertion dans leurs bassins régionaux. Lorsque j'ai été chargée du rapport sur les accords de partenariat économique pour la présidence française de l'Union européenne, j'ai sollicité à plusieurs reprises votre secrétariat d'État, monsieur Jégo, mais j'attends toujours les réponses aux questions très précises que j'ai formulées. Enfin, je n'ai pas encore entendu vos observations, fussent-elles critiques, sur la préconisation n° 13 de ce rapport qui contient toute une série de recommandations concernant les outre-mer et leur apport dans leur environnement régional.
On peut évidemment se laisser impressionner par les millions d'euros, les ruses de présentation, la subtilité des fausses hausses et la brutalité des vraies baisses, mais on peut aussi essayer de vous faire comprendre que nous ne supportons pas la dépendance, que nous n'arrivons pas à supporter nos économies sous perfusion alors qu'il y a gel ou gabegie des matières premières, les pis-aller pour notre jeunesse, les inégalités tenaces, les injustices criantes. Nous avons une exigence de dignité, exacerbée sans doute, mais totalement légitime. Nous voulons bien débattre, mais nous ne venons pas demander et encore moins quémander. Merci ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et du groupe GDR.)