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Intervention de Jean-Michel Fourgous

Réunion du 14 novembre 2007 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2008 — Engagements financiers de l'État ; provisions ; remboursements et dégrèvements

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Michel Fourgous :

Pour cela, il nous faut rénover notre modèle. La recette de la croissance est toute simple, c'est le mélange de trois ingrédients : de la sueur, de l'argent et de l'intelligence, c'est-à-dire du travail, du capital et de l'innovation. Pour ce qui est du travail, la France est le seul pays au monde à avoir obligé ses travailleurs à travailler moins que leurs concurrents. Je n'ai toujours pas compris, mais c'est sans doute une pensée trop élaborée pour moi. S'agissant de l'intelligence, elle est trop fonctionnarisée, et c'est un ancien du CNRS qui vous le dit. Il y a beaucoup d'intelligence en France, mais elle ne s'investit pas dans la création de richesse. Quant au capital, la France est le pays européen qui a le plus fort taux de taxation, selon Eurostat.

En vérité, notre déficit n'est pas conjoncturel mais structurel. Pis même : il est culturel. Les responsables publics ont trop longtemps cru, et continuent de croire qu'il n'y a qu'à demander à l'État pour régler un problème. C'est parce qu'un pseudo-keynésianisme a trop souvent justifié son intervention abusive que la France est le pays qui a le plus augmenté sa dette publique au cours des dix dernières années, avec comme conséquence directe que les impôts et les taxes ont crû de manière extravagante, atteignant aujourd'hui 44 % du PIB. Il faut cesser de croire que l'État se doit de voler au secours d'un marché défaillant et qu'il peut absorber tous les chocs imprévus. Finis les temps d'euphorie dépensière : la France doit agir. Même les pays scandinaves, si souvent cités en exemple, ont renoncé à leur doctrine du « tout impôt ». Ainsi, en Suède, les élections de septembre 2006 ont porté au pouvoir Fredrik Reinfeldt, leader d'une coalition de droite qui a fait campagne sur le thème des baisses d'impôt. Heureusement, les dirigeants de notre pays commencent à être critiques et j'ai l'espoir que l'on en finisse avec l'idée que l'interventionnisme étatique est une vertu. Puissiez-vous graver une maxime en ce sens au-dessus de votre bureau, monsieur le secrétaire d'État !

Il est clair que notre tolérance pour les dépenses publiques élevées est le fruit de notre culture administrative. Le temps où un bon budget était un budget en augmentation – aussi bien à gauche qu'à droite, d'ailleurs – et où l'influence d'un ministre se jugeait aux crédits qu'il décrochait n'est pas si lointain. La plupart de nos dirigeants, pour n'avoir jamais eu à produire l'argent qu'ils dépensent – et je vous félicite de ne pas être de ceux-là, monsieur le secrétaire d'État –, ne se rendent pas compte de l'aspect sacré de la dépense publique, alors que tout chef d'entreprise sait qu'un sou est un sou. Vous connaissez ma position sur le sujet : une réforme de la formation des élites est urgente !

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