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Intervention de Michel Barnier

Réunion du 13 novembre 2007 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2008 — Agriculture pêche forêt et affaires rurales

Michel Barnier, ministre de l'agriculture et de la pêche :

Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, mes premiers mots seront pour vos trois rapporteurs, Nicolas Forissier, Antoine Herth et Gilles d'Ettore, pour la qualité de leur travail. Je vous ai écoutés avec beaucoup d'attention, messieurs les rapporteurs, et je voulais vous remercier très sincèrement, ainsi que vos collaborateurs, pour l'analyse objective, constructive et pro-active que vous avez proposée du budget que j'ai l'honneur de vous présenter.

Un budget n'est pas un projet. C'est un outil au service d'un projet, et ce projet que je voudrais bâtir avec vous, c'est celui d'une grande politique de l'alimentation, de l'agriculture, de la pêche et des territoires ruraux pour la France et pour l'Europe.

Notre projet, c'est de relever le défi alimentaire pour notre continent. C'était, je le rappelle, le principal objectif assigné à la première PAC : j'en parlais récemment avec le ministre de l'agriculture du général de Gaulle, Edgar Pisani, qui fut chargé de concevoir cette PAC, et qui a évoqué avec moi la manière dont les agriculteurs avaient relevé ce défi et rempli leur contrat.

Mais le défi alimentaire est aussi celui du reste du monde : la faim touche gravement 854 millions de personnes dans le monde, et nous serons 9 milliards en 2050 ; selon les calculs et les prévisions de l'INRA, il faudra doubler la production alimentaire pour faire face à ce défi démographique.

Nous avons aussi la responsabilité de préserver en Europe notre indépendance et notre sécurité alimentaire. Nous devrons donc produire plus et exporter plus – je pense, monsieur Forissier, à votre remarque justifiée sur le programme national que vous aviez élaboré pour aider les industries agroalimentaires à être offensives, sans complexe, sur l'ensemble des marchés internationaux.

Mais, dans le même temps, nous devrons préserver les ressources naturelles de la planète et de notre pays, l'eau, l'air, la terre, qui ne sont ni gratuites ni inépuisables. C'est une urgence, comme l'a mis en lumière le Grenelle de l'environnement : nous devrons donc produire mieux.

Par ailleurs – Antoine Herth et Michel Raison l'ont évoqué – nous sommes dans un contexte de forte augmentation des prix des matières premières agricoles, avec un impact positif pour certains – il est heureux qu'on puisse être mieux payé du prix de son travail grâce aux cours des marchandises plutôt qu'aux subventions – mais négatif pour d'autres, notamment dans les secteurs du porc, de la volaille ou du veau de boucherie, qui connaissent de graves difficultés, comme l'a rappelé Marc Le Fur.

Je tiens d'ailleurs à dire à Marc Le Fur que les modifications apportées à la loi Galland par le projet de loi de Luc Chatel, auquel j'ai beaucoup contribué, préserveront la spécificité du secteur agricole, qui sera prise en compte, conformément au discours de Rennes du chef de l'État. Le caractère intangible des conditions générales de vente, le maintien du seuil de revente à perte et l'élargissement du champ des contrats types dans les relations interprofessionnelles seront ainsi confirmés.

Ce contexte d'augmentation des prix – et j'aurais pu, au-delà des matières premières, évoquer le prix du lait qui a recommencé à monter après de nombreuses années de baisse ou de stagnation, ou encore celui du bois – nous offre, avec ses ombres et ses lumières, la chance de reconstruire une politique agricole que je qualifierai, parce que c'est mon ambition, de durable et de plus équitable. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Nouveau Centre.) C'est l'ambition que je me suis fixée pour les Assises de l'agriculture, auxquelles l'Assemblée nationale et le Sénat seront associés, comme l'a rappelé Nicole Ameline.

Nous voulons bâtir un projet, passer, monsieur de Rugy, d'une logique de guichet à une logique de projet. Nous voulons bâtir ce projet avec l'ensemble des responsable agricoles, mais aussi avec les autres acteurs de la société. Nous allons en effet ouvrir le débat, en prenant en compte un certain nombre de contraintes ou de bornes que je voudrais rappeler ici.

D'abord les conclusions du Grenelle de l'environnement, que nous respecterons. Ensuite, le bilan de santé de la PAC, qui va être ouvert dans quelques jours par le rapport de la Commission. Oui, monsieur Sauvadet, ce sera en effet un premier grand rendez-vous, que nous ne manquerons pas.

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