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Intervention de Chantal Berthelot

Réunion du 4 novembre 2008 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2009 — Questions

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChantal Berthelot :

Madame la ministre, à l'heure de la révolution écologique, l'exceptionnel patrimoine naturel de la Guyane – sa forêt amazonienne, sa biodiversité, ses écosystèmes uniques – est reconnu comme un formidable atout pour la France, pour l'Union européenne et pour le monde. Pour nous, Guyanais, il va de soi que de la préservation de cette richesse dépendra le développement durable de notre territoire, et donc son avenir .

Or – mais est-il encore nécessaire de le rappeler ? – elle est menacée prioritairement par l'orpaillage illégal, qui pose de surcroît un grave problème de sécurité et de santé publique. C'est le cas notamment pour les populations amérindiennes du Haut-Maroni, qui ont lancé, fin septembre, un appel au secours pour que l'État assume ses devoirs régaliens de protection des individus et de respect de l'intégrité territoriale.

C'est d'ailleurs pour que la terre de Guyane ne soit pas violée impunément – ce sont ses propres termes – que le Président de la République avait décidé, en février 2008 l'opération Harpie, qui devait durer aussi longtemps qu'il le faudrait.Vous étiez d'ailleurs présente. Elle a pourtant été interrompue quatre mois plus tard, faute de moyens et malgré ses bons résultats…

Madame la ministre, vous savez bien qu'il faut des moyens pérennes pour combattre ce fléau. J'en profite pour vous remercier de la part des forces de l'ordre de Guyane, car vous avez répondu, après plusieurs années, à leur demande d'hélicoptères, lesquels, vous le savez, ne sont pas un luxe sur notre territoire.

Vous savez qu'il faut un dispositif permanent de contrôle sur les points névralgiques de passage des orpailleurs clandestins. Cela a évidemment un coût : rien que pour la gendarmerie, il faudrait 3 millions d'euros supplémentaires par semestre – le général a confirmé ces chiffres lors d'une audition en commission. L'ampleur de la tâche requiert qu'une ligne budgétaire lui soit consacrée, à l'instar de ce qui est fait pour les OPEX, afin que cette opération, de nature exceptionnelle puisse être conduite dans des conditions de sécurité optimale pour les hommes – en Guyane, les forces de l'ordre, les gendarmes et les militaires n'ont pas affaire à des conditions faciles et agréables en forêt – et ne ponctionne pas les crédits déjà contraints de la gendarmerie. Mais ce coût n'est-il pas dérisoire face à l'énormité des enjeux ?

Madame la ministre, l'État ne peut se prévaloir du Grenelle de l'environnement, oeuvrer à l'élaboration d'un schéma minier en Guyane, et laisser perdurer l'orpaillage illégal, qui plus est, au coeur du parc amazonien ! le Président Sarkozy ne peut déclarer, comme il l'a fait à Camopi, qu'il y a un lien indissociable entre protection de l'environnement, développement et sécurité, et laisser perdurer ce fléau !

Ma question est simple : la parole du Président de la République ne vaut-elle pas 6 millions d'euros par an pour assurer la sécurité des Guyanais ?

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